Le prix d'une robe d'avocat ? Entre 350 et 1.100 euros HT.
La Française est une robe d’avocat coupée et confectionnée par L’Artisan Costumier, une société labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV). Pour la fabrication de cette tenue, l'entreprise de Feyzin a mobilisé cinq autres EPV !
1843. C’est l’année de création de l’entreprise fondée par un aïeul de Chrystèle Métairie, sa dirigeante actuelle, représentant la 6e génération de la famille. L’activité originelle de tissage a été remplacée dans les années 1960 par la confection. Mais toujours pour un même créneau : les congrégations religieuses. Mais ce secteur est évidemment devenu une niche. Il a été remplacé dans les années 80 par le monde des lois, à la faveur d’une croissance externe.
Les couturières qui s’affairent dans l’atelier de Feyzin (environ 5h par robe) travaillent donc essentiellement pour des magistrats, des greffiers et surtout des avocats. Toutes les robes sont taillées en demi-mesure. C’est-à-dire que le personnel va prendre les mesures des clients (dans les écoles ou des boutiques partenaires) et adapte les patrons en conséquence.
L’activité est très saisonnière, liée à la sortie des écoles d’avocats. « Il y a environ 4 000 nouveaux avocats chaque année et nous couvrons environ un quart du marché », estime Jérôme Derruau, responsable opérationnel. Et au total, avec les robes d'autres professions, les costumes pour les confréries et les habits de cinéma, la production s’élève à quelque 2 000 unités par an. S’ajoutent les rabats et les épitoges, parfois agrémentées de fourrure synthétique ou de lapin. Les toques et les gants sont quant à eux sous-traités.
Moins d'avocats à habiller en 2023
Ainsi, sur l’exercice qui s’achève cet été, L’Artisan Costumier et ses 10 employés (17 en haute saison) va-t-il afficher un chiffre d'affaires de 1,6 million d’euros. Avec une inquiétude : le nombre d’étudiants avocats a beaucoup baissé. Et bien sûr, le marché de renouvellement est très limité puisque, en moyenne, un avocat achète trois robes dans sa carrière.
L’Artisan Costumier est donc à la recherche de relais de croissance. Le seul qui semble pouvoir trouver concrétisation est celui du monde des lois en Afrique francophone.
Une robe réunissant six Entreprises du Patrimoine Vivant
En attendant, on ne reste pas les bras croisés. Dans les années 2000, Chrystèle Métairie avait déjà apporté de nombreuses touches personnelles sur les robes : des coutures spéciales, des doublures colorées, des rabats de toute sorte…
Récemment, c’est dans la matière qu’une nouveauté est apparue. « Jusqu’ici, nous utilisions un tissu qui n'était pas français », explique Jérôme Derruau. D’ordinaire, une robe est en microfibre (originaire du Japon ou de Corée) ou en laine d’Italie. L’idée de l’Artisan Costumier était de fabriquer une robe 100 % Made in France. « Nous avons trouvé un fabricant de laine de Mérinos d’Arles tissée par Jules Tournier dans le Tarn ». Cette société est labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV).
Finalement, la société lyonnaise a pu mobiliser cinq EPV pour la doublure (Loire), les étiquettes tissées (Loire), les boutons (Jura), les passepoils (Loire), les rubans (Haute-Loire). Et, cerise sur le gâteau, l'entreprise a elle-même obtenu la fameuse distinction l’été dernier ! Cette robe est dénommée La Française. « Et elle a trouvé son public », se félicite Jérôme Derruau.