Par un beau matin de la mi-octobre, 1 600 pandas ont pris possession du nouveau quartier Lyon Confluence… sous la forme de sculptures en papier mâché symbolisant la lutte en faveur de la biodiversité menée par l’organisation internationale WWF. Une exposition censée sensibiliser les habitants du quartier sur la nécessité de vivre la ville autrement, le jour de l’inauguration de l’éco-quartier dont ils venaient de prendre possession.
Lancé dans les années 90 en Europe du nord, le mouvement des éco-quartiers émerge en France où ses promoteurs, stimulés par le Grenelle, font encore figure d’avant-gardistes. En Rhône-Alpes, Grenoble a tiré la première avec son quartier de Bonne et sa Presqu’île scientifique. Mais Lyon n’est pas en reste. Avec Confluence, un programme de très grande ampleur (150 hectares), la ville ouvre un nouveau chapitre urbain.
Inspiré par la démarche déjà utilisée sur le fameux quartier BedZed de Londres, sur la ville de Mastar City (Abu Dhabi) ou encore pour les Jeux Olympiques de Londres 2012, le WWF appliquera son principe “One planet living” (Vivre avec une seule planète) entre Rhône et Saône, selon un plan d’action en dix points (1). En l’occurrence : efficacité énergétique (entre 30 et 90 kwh/m2/an) ; bâtiments zéro carbone au plus tard en 2015 ; étude d’un réseau de chaleur au bois ; 0,6 place de parking par logement et 1 place pour 100 m2 de bureaux ; au moins 70 % des déchets recyclés ; des arrêts de transport en commun à 400 mètres au maximum de tout utilisateur et desservis toutes les dix/quinze minutes ; utilisation de matériaux recyclés (au moins 40 %) et produits localement (50 % minimum ; bois certifié FSC) ; au moins 25 % de logements sociaux ; au moins 30 % des produits alimentaires vendus sur site en 2020 devant être produits dans un rayon de 100 km et 20 % d’origine biologique, etc.
Sa grande taille fait de Lyon Confluence (820 000 m2 neufs projetés), qui se reconstruit sur un ancien faubourg industriel et logistique, un cas d’école européen. Après des décennies d’aménagement de la ville au service de la voiture, l’initiative est réjouissante. Mais elle ne suffira pas, à elle seule, à établir cette “ville durable” dont on cherche d’ailleurs une définition satisfaisante. Elle ne doit pas faire oublier que la construction neuve représente seulement… 1 % d’un parc immobilier qu’on mettra des décennies à rendre “post carbone”, si toutefois ce chantier est toujours considéré comme prioritaire par la classe politique. Cela semble être le cas à Lyon Confluence, côté quartier Sainte Blandine (isolation thermique envisagée de 2 000 logements pour atteindre les 50 kwh/m2/an contre 200 à 400 kwh/m2/an actuellement). Ce serait aussi souhaitable… dans beaucoup d’autres endroits de la ville.
(1) Une convention a été signée entre l’agglomération, l’aménageur et le WWF, portant sur cinq ans.
Didier Durand
Bref Rhône-Alpes n° 2014 du 24/11/2010
Photo : ©William Lambelet