Très attendue, la présentation des grandes lignes du programme de Marseille Provence 2013 a été plus austère que festive. Ceux qui espéraient un feu d’artifice ont dû se contenter d’un bel exercice d’ingénierie culturelle et d’un logo minimaliste.
"Il ne s’agit pas d’un programme ni même d’un préprogramme, mais d’un état d’avancement de certains projets qui, eux-mêmes, ne sont pas encore totalement arrêtés". D’entrée, Bernard Latarjet a annoncé la couleur : il ne fallait pas s’attendre à tout apprendre le 24 février dernier. Qu’on se le redise, même si l’attente est légitime, le préprogramme sera donné fin 2011, et le programme définitif, à l’automne 2012 ! Tant pis pour les impatients, les sceptiques et les critiqueurs de tous poils. Reste que présenter des projets en précisant qu’ils ne seront peut-être pas retenus semble une forme de communication originale. Pour autant, ce programme riche et varié s’inscrit bien dans les promesses de la candidature avec, notamment, de beaux rendez-vous comme ce salon de lecture qui se déroulera tout au long de l’année autour de personnages comme Albert Camus, figure emblématique de ce fameux "Partage des midis", retenu comme thème général.
Quatre temps forts rythmeront l’année et viendront relancer la dynamique : "Marseille accueille le monde", "La cité radieuse", "L’art prend l’air" et "Révélation". Les grandes expositions déjà inscrites au programme des différents musées et une série de projets "exemplaires", parmi lesquels la création du GR 2013 et le projet Transhumance, ont aussi été évoqués : les détails sont sur www.marseille-provence2013.fr.
Autre point fort de la présentation, le rappel des enjeux induits pour l’avenir du territoire, à la fois sur le plan culturel, sociétal et économique. "C’est une occasion qui ne se représentera pas de sitôt", a scandé Jacques Pfister, président de la CCI et de l’association. Et Bernard Latarjet de se féliciter : "ce qui va naître ici au niveau des infrastructures culturelles est sans équivalent en Europe !"
Enfin, le premier panel de projets présentés va permettre à l’équipe de "partir à la conquête des investisseurs privés, indispensables au cofinancement des projets", explique aujourd’hui Hugues de Cibon, directeur du mécénat et du marketing tourisme. Trois portes d’entrée sont proposées aux entreprises. Un mécénat de premier rang (1,5 M€) auquel ont déjà souscrit, La Poste et la SMC et qui devraient - murmure-t-on - être rejoints bientôt par Orange… Un partenariat sur les grands projets (entre 300 et 600 K€) et sur les plus petits (40 à 60 K€). Confortant ce dispositif, un club des entreprises sera lancé le 7 mars pour favoriser les échanges entre les chefs d’entreprise et l’équipe de Marseille Provence.
L’autre événement très attendu était bien sûr la présentation du nouveau logo. Pourquoi ne pas avoir conservé celui de la candidature que tout le monde s’était déjà approprié ? "C’est une démarche classique pour toutes les candidatures, le premier logo est un logo d’adhésion que l’on diffuse le plus largement possible", explique Michel Cerdan. Il faut ensuite en créer un autre, qui ait un sens et une valeur, auquel on ne donnera accès qu’à certaines personnes". Quelques péripéties ont accompagné la création de cette nouvelle identité visuelle. On se souvient de l’appel d’offres lancé au niveau international, des 150 dossiers réceptionnés, des neuf retenus.... et du résultat jugé infructueux… Du coup, l’association a créé son propre studio et c’est lui qui signe le nouveau logo : "Une formule toujours délicate", commente Muriel Eriksen, présidente de L’UCC, regrettant "l’absence d’un regard extérieur et la rupture totale entre l’ancien et le nouveau logo, qui entraîne une perte des repères et qui aurait plutôt tendance à minimaliser le concept initial". Un avis que partage Stéphane Muntaner designer graphiste, à qui on attribue, à tort, le premier logo, (fruit d’une agence parisienne), mais qui reste confiant sur l’évolution du second : "On est dans l’univers de la signalétique, il est appelé à évoluer et fonctionner dans le jeu de l’utilisation de ses formes primaires, par les différents acteurs qui se l’approprieront". Ce logo est fait pour être mis en lumière, nous dit-on. Dans ce cas, il vaudra mieux éviter la version verticale, qui ressemble furieusement à un feu de signalisation, et à ne pas inscrire 2013 dans le rouge… à moins qu’il ne passe au vert le 1er janvier de l’année en question.
Béatrice Somville
SI 736 du 07/03/2011
Photo : Les Ports de Marseille. ©Gilles Martin-Raget