Si le titre ci-dessus est détourné d’une célèbre réclame de Renault, c’est bien au groupe concurrent PSA que revient la décision de labelliser le groupe Electricfil Automotive comme l’un de ses fournisseurs majeurs. Une première pour une entreprise rhônalpine ! Le constructeur au lion entend aussi reconnaître la contribution essentielle de cette société de Beynost (Ain), archétype de ces entreprises intermédiaires (ETI) que la France voudrait faire émerger. Il veut aussi mettre en valeur sa position dans la constitution d’une filière automobile nationale forte et solidaire.
Il est vrai que la belle élue, à plus forte raison parce qu’elle est “industriellement pacsée” à d’autres grands constructeurs (PSA pèse 15 % de son CA), a tout pour plaire : une ancienneté de 75 ans, dont 50 ans de compagnonnage et de fréquentation assidue avec Peugeot et Citroën ; une taille critique dans son secteur d’activité (la conception et la fabrication de systèmes mécatroniques, de capteurs et de modules de capteurs), avec 1 400 emplois dont 450 hors France et 164 millions d’euros de chiffre d’affaires ; des perspectives avec un objectif cohérent de 250 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2020 au plus tard ; une très solide situation financière pour investir et accompagner ses clients avec une rentabilité nette de l’ordre de 5 % ; une présence et une culture fortes à l’international avec des filiales aux Etats-Unis, en Turquie et en Chine, en progression très soutenue ; un management familial animé par son pdg, Patrick Thollin, à la fois avisé, pérenne, et visionnaire ; une flexibilité et une réactivité remarquables, conséquence directe d’un bon climat social ; une solide organisation logistique ; une immersion comme tête de réseau dans un lacis régional d’entreprises totalisant 5 000 salariés ; enfin, une très grande capacité à tirer les produits vers plus de valeur ajoutée par le biais de l’innovation : Electricfil Automotive consacre 6 % de son chiffre d’affaires à la R&D pure (le laboratoire emploie 120 ingénieurs et techniciens), auxquels il faut ajouter 7 % d’investissements industriels liés à sa mise en œuvre des équipements du futur.
A cet égard, le groupe de l’Ain est très en pointe dans les domaines des capteurs de suie appliqués aux systèmes d’échappement (pour l’analyse et la réduction des émissions de CO2) et de la gestion de l’énergie électrique (capteurs de batterie, etc.). Enfin, il est très impliqué dans le réseau des pôles de compétitivité (LUTB) et des clusters ad hoc, ainsi que dans une collaboration permanente avec nombre de centres de recherche.
Bref, la reconnaissance d’Electricfil Automotive par PSA allait de soi... Il aura pourtant fallu la crise des années 2008/2009 pour voir certains grands donneurs d’ordres tourner le dos aux décennies de relations régaliennes, sinon léonines, qu’ils entretenaient avec leurs sous-traitants, et comprendre que leur propre succès ne pouvait pas faire l’impasse de solides concours extérieurs qu’il valait mieux pérenniser au lieu de les perdre.
La constitution des ETI passe par cette reconnaissance. Y compris celle des banques françaises qui ne semblent pas avoir tiré les leçons d’une crise à laquelle elles ont contribué par leurs turpitudes (le mot est de Henri Lachman, président du groupe Schneider). Mais, à l’instar d’Electricfil Automotive, on peut forcer réalité et espoir.
Laurent Guigon
Bref Rhône-Alpes n° 2040 du 22/06/2011
Photo : ©Electricfil. Patrick Thollin et Jérôme Quilhot (PSA Peugeot Citroën).