La CGPME Paca existe depuis 2006. Elle était jusque-là intégrée à l’Union patronale régionale (UPR) et restait très discrète. Après l’arrivée, un peu agitée, de Stephan Brousse à la présidence conjointe du Medef Paca et de l’UPR, la gouvernance aurait dû évoluer. Il n’en a rien été. La CGPME Paca vient de couper les ponts. Explications de son président, Joël Martin.
La CGPME était historiquement discrète au niveau régional, pourquoi ?
La CGPME existe depuis 1945, mais sa visibilité a été variable suivant les époques. Depuis l’arrivée de Jean-François Roubaud à la présidence nationale en octobre 2002, il y a eu une impulsion forte en terme de visibilité. Dans notre territoire, nous étions historiquement logés au sein de l’UPR aux côtés du Medef et des branches professionnelles. Lorsque Stephan Brousse est arrivé à la présidence de l’UPR en 2010, il a modifié les statuts dans un sens qui semblait plutôt favorable à la CGPME. Il a mis en place une structure qui devait permettre que le Medef et la CGPME soient comme deux "associés". Cela convenait à nos stratégies respectives : visibilité, positionnement et défense de nos structures propres. Les branches devaient être adhérentes soit du Medef soit de la CGPME. Nous avons vécu pendant plus d’une année dans cette phase de construction, mais nos relations sont devenues de plus en plus difficiles et nous avons été obligés de nous désengager au début de 2012. La situation était devenue pour nous vraiment inacceptable aussi bien en termes de finances que de gouvernance.
Qu’est-ce qui était devenu intolérable ?
Jusqu’à présent l’UPR était pilotée par le Medef et d’autre part, essentiellement, par le territoire marseillais. Mais nous sommes dans une région… et il nous semblait donc nécessaire, puisque une nouvelle gouvernance devait être mise en place, de retrouver des équilibres beaucoup plus sains afin de répondre aux objectifs de chacune des organisations. Nous demandions une gouvernance équilibrée. Il faut savoir qu’au bureau, il y avait quatre personnes : trois issues du Medef et une de la CGPME… Nous étions confrontés en permanence à des blocages. Puisque nous étions en phase de construction, il fallait le faire dans le respect de nos règles - et on y croyait vraiment - et dans le respect de la configuration apparemment voulue par le président Brousse : le Medef et la CGPME ensemble. Encore fallait-il que les poids soient équilibrés. N’oublions pas que dans nos territoires, plus de 90 % des entreprises ont moins de dix salariés. Et il y a de nombreux domaines où nous considérons que c’est à la CGPME d’intervenir. Cela a été le cas, par exemple, avec la massification des achats publics en matière d’équipement de bureau, qui risquait d’avantager les grands groupes au détriment de nos PME. Il en est de même en général dans les problématiques grande distribution/petit commerce ou grands donneurs d’ordres/sous-traitants. Qui, mieux que la CGPME, pourrait défendre les petites entreprises pressurées par les grosses structures ?
Il y avait aussi un aspect organisationnel. Pour que la CGPME Paca puisse être entendue et ses actions relayées, il fallait qu’elle ait des moyens. Concrètement, des bureaux autres que ceux de Marseille, une secrétaire générale dédiée et un budget fléché conformément à la loi de 2008 sur la représentativité syndicale.
Qu’est-ce qui vous a convaincu de franchir le pas ?
Le 20 décembre 2011, nous nous sommes réunis et nous avons décidé que ce n’était plus possible. Nous avons envoyé un courrier qui listait nos problèmes et nos questions. Nous n’avons pas eu de réponse. Ils pensaient sans doute que nous ne passerions pas à l’acte. Le 20 janvier 2012, nous nous sommes donc réunis à nouveau. Nous avons pris notre décision à l’unanimité des membres des six départements et nous avons envoyé une lettre pour expliquer que nous allions poursuivre notre chemin tout seul. Malgré tout, il y a des domaines où j’espère qu’on pourra agir, communiquer ou même parler d’une même voix : sur l’aménagement du territoire par exemple, ou sur Iter.
Que s’est-il passé ensuite ?
Rien… enfin si… Ils nous ont envoyé un tas de factures… (Rires). Mais, après cette décision, très vite, quelque chose a changé. Dans l’organisation antérieure, nous n’avions pas la possibilité réelle d’avoir les branches professionnelles avec nous. Depuis, nous avons lié des contacts très intéressants et, aujourd’hui, nous avons deux branches adhérentes : la Fédération régionale du bâtiment et la Fédération régionale de l’hospitalisation privée. Et des contacts sont en cours avec quelques autres…
Jacques Gelin
Sud Infos n° 782 du 16/04/2012