Alors que la saison estivale touche à sa fin, les professionnels du tourisme font leurs comptes. Les Ardéchois ne sont pas mécontents : 87 % d’entre eux estiment que la fréquentation a été bonne entre juin et août, contre 71 % à l’échelle régionale(1). Dans un contexte de dépenses en baisse et de séjours raccourcis, ils confirment quelques tendances lourdes : la qualité paie, le tourisme de proximité a le vent en poupe, le patrimoine culturel aussi. Certains l’ont bien compris, comme les initiateurs du mouvement “Sélection qualité Ardèche” pour la promotion d’un tourisme responsable, doté d’une offre déclinée selon des critères précis (durabilité des emplois, utilisation d’énergie renouvelable, de produits locaux, etc.). Ou ceux du label “Bistrot de pays”.
A elle seule, l’Ardèche représente plus du quart de la capacité d’hébergement en camping de la région Rhône-Alpes. Heureusement, serait-on tenté d’ajouter ! Alors que son industrie a périclité et que son économie repose désormais sur des activités “présentielles” répondant aux besoins des habitants (administrations, commerces, construction…), son taux de chômage est l’un des plus élevés de Rhône-Alpes, particulièrement en Ardèche méridionale, là où la démographie n’est pas des plus dynamiques : population âgée, confortée par l’arrivée de nouveaux retraités qui viennent transformer leur maison de vacances en habitation principale. Ajoutez à cela un niveau de revenu plutôt bas et vous aurez compris l’importance du tourisme pour ce territoire rural(2).
Le problème du tourisme ardéchois, c’est qu’il se concentre sur l’été. Une lacune que pourrait venir combler, à partir de 2014, le futur espace de restitution de la grotte Chauvet : ouvert toute l’année, il pourrait, selon les prévisions, accueillir entre 300 et 400 000 visiteurs annuels. Ce “musée”, qui reproduira les fabuleux dessins rupestres découverts il y a presque vingt ans, fera découvrir au monde entier l’un des plus grands trésors de l’Humanité : 425 peintures d’animaux âgées de 36 000 ans (les plus anciens dessins pariétaux au monde), d’une qualité artistique si extraordinaire qu’elles en font pleurer certains visiteurs scientifiques. Rhinocéros, bisons, ours, mammouths, chevaux, rennes, cerfs et autres félins vivaient alors dans l’Ardèche sauvage. Leur représentation fera l’Ardèche de demain.
Sur la commune de Vallon-Pont-d’Arc, les premiers travaux ont commencé. 45 millions d’euros seront engagés dans la construction de cette réplique à l’identique de la grotte Chauvet. Elevé par le Conseil régional au rang de “Grand Projet Rhône-Alpes”, le site devra pourtant éviter le “risque d’une surfréquentation”, comme l’explique Hervé Saulignac, vice-président à l’aménagement du territoire. Un excès de voitures et d’autocars pourrait alors abîmer des espaces très sensibles et remettre en cause l’écotourisme revendiqué par certains. La question n’est pas anecdotique : l’été 2011, les navettes d’accès au site de Pont d’Arc avaient transporté 16 000 personnes. “On ne doit pas tuer la poule aux œufs d’or”, avertit Hervé Saulignac.
Didier Durand
(1) Enquête Ipsos pour Rhône-Alpes Tourisme.
(2) “Ardèche méridionale : quand la démographie est source de développement” ; Insee ; juin 2012.
Photo : ©Atelier3A/Agence Fabre&Speller/SMERGC.
La grotte Chauvet Pont d'Arc restituee par Pole_Projet_Chauvet
Bref Rhône-Alpes n° 2088 du 12/09/2012
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