Le fabricant de voitures électriques Courb lance une levée de fonds ambitieuse et parallèle de ses premières livraisons.
Courb, l’une des initiatives lyonnaises les plus audacieuses de ces dernières années, livrera, le 31 mars, ses premières voitures électriques de marque C-Zen. Auparavant, elle aura lancé une levée de fonds via une plateforme communautaire. Deux moments majeurs, douze ans après le début de l’aventure partie d’une feuille blanche.
Dans les 5 000 m2 d’un atelier discret loué à Renault Trucks en périphérie lyonnaise, la chaîne d’assemblage sera totalement opérationnelle d’ici un mois. Les postes sont équipés, les procédures en place, la formation des opérateurs en cours. Hormis batteries, sièges et moteurs, les composants de la C-Zen proviendront principalement d’usines françaises, ce qui vaut à Courb d’être labellisée “Origine France Garantie”. L’usine est dimensionnée pour sortir 6 600 véhicules par an. Plus qu’une dizaine de semaines, donc, avant la première livraison du véhicule le plus léger du marché (740 kg dont 150 kg de batteries), dont le design amusant cache des performances de bon niveau et un équipement généreux : 120 km d’autonomie et 110 km/h, excellente tenue de route, sièges cuir, toit panoramique, caméra de recul, bluetooth, quatre freins à disques, etc. Le prix catalogue, de 25 000 € batteries comprises, peut être réduit à 14 600 € HT (TVA et bonus en moins), sans compter les subventions proposées dans plusieurs régions françaises. Mais, plutôt que du prix d’achat, Hervé Arnaud, dirigeant-fondateur de Courb, préfère parler du prix d’usage en annonçant 8,40 € par jour.
Côté commercial, Courb a dû monter ex-nihilo un réseau de distribution et de réparation. En France, la société compte aujourd’hui 61 points de vente et ce nombre doit doubler d’ici la fin de l’année. Par ailleurs, plusieurs accords ont été passés sur les services dédiés : avec BMW Finance pour les crédits, Mutuaide pour l’assistance 24h/24 (comprise dans le prix d’achat), Groupama pour une assurance à 1 euro/jour et Feu Vert pour l’entretien. Ces deux derniers ont d’ailleurs déjà passé commande, pour des véhicules commerciaux chez Groupama Rhône-Alpes-Auvergne et des voitures de courtoisie chez Feu Vert, tout comme la société EBTS (transport de produits biologiques).
Malgré le démarrage plus lent que prévu de la voiture électrique en France, Hervé Arnaud prévoit 750 ventes en 2014, qui assureraient la rentabilité opérationnelle de l’activité, puis un doublement tous les ans (6 000 ventes sont évoquées pour 2017). Une montée en puissance créatrice d’emplois (25 pers. aujourd’hui, 150 à fin 2016) mais également dévoreuse de trésorerie. La société, qui a déjà investi 23 millions d’euros dans l’aventure, dont une bonne partie grâce au Crédit Impôt Recherche, va donc faire appel au marché des capitaux. La plus importante levée de fonds européenne opérée en crowdfounding (10 millions d’euros) est ainsi annoncée, à partir du 27 janvier, via la plateforme Axiona. Ce ne serait d’ailleurs qu’une étape menant, à moyen terme, à l’introduction en Bourse de Courb. On n’a pas fini de parler de ce parcours de pionniers, cas d’école en matière d’entrepreneuriat.
Didier Durand
Bref Rhône-Alpes n° 2146 du 22/01/2014
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