Portrait d’Alain de Krassny, repreneur de Kem One au parcours international.
Il n’y a pas d’âge pour entreprendre. Cet adage sied particulièrement à Alain de Krassny. A 72 ans, cet industriel français, qui a repris en décembre Kem One en association avec le fonds d’investissement américain OpenGate, veut rééditer ce qu’il a accompli avec Donau Chemie.
Depuis qu’il a racheté cette ancienne filiale autrichienne de Rhône-Poulenc en 1997, ses effectifs ont presque doublé : Donau Chemie emploie 930 personnes pour 300 millions d’euros de chiffre d’affaires. La formule de cette alchimie économique : un recentrage sur la chimie de base (la production de chlore, soude, acide sulfurique), une diversification dans les détergents et les cosmétiques ainsi que dans les charbons actifs, une activité très profitable en pleine expansion dans le traitement de l’eau notamment. Cet ingénieur formé à l’Ecole nationale supérieure de chimie de Lille démontre que l’industrie chimique a encore un avenir en Europe, contrairement aux assertions de certains déclinologues, et malgré la “sur-règlementation européenne” de type Reach qu’il déplore.
Avant de s’enraciner en Autriche, la patrie de son père, Alain de Krassny a fait l’essentiel de sa carrière et une partie de ses études à l’international. Il a commencé ses pérégrinations à l’Université de Californie à Berkeley puis dans un centre de recherche de l’Université Laval à Québec. Etudes couronnées par un MBA à l’Insead à Fontainebleau. Entre temps, il avait eu un premier contact avec les PVC chez Dow Chemical en Suisse. PVC qu’il retrouve sur son chemin avec Kem One.
Entré chez Rhône-Poulenc en 1973, il est affecté tout d’abord à un bureau de vente à Vienne, en Autriche déjà, avant d’entreprendre un petit tour d’Europe qui le mène en Hongrie, aux Pays-Bas, en Allemagne, mais aussi en Normandie et à Neuilly, près de Paris, à la direction des laboratoires Roger Bellon, avant d’être nommé, en 1987, à la direction générale de Donau Chemie, où il a “viré, dit-il, sa cuti d’entrepreneur”. Les contours du groupe ont été redessinés, ses activités pharmaceutique et de production d’engrais cédées, son outil de production modernisé.
Fort de son expérience autrichienne, Alain de Krassny en convient : “on ne gagne pas une course de formule 1 avec une 4L”. Talons d’Achille de Kem One, trois de ses quatre électrolyses seront remplacées dans un délai de 24 à 30 mois, un investissement de plus de 150 millions d’euros largement financé dans le cadre du plan de reprise. Le chef d’entreprise est confiant. L’opération de relance de Kem One lui paraît “plus simple” que celle de Donau Chemie. Seul aux commandes de Kem One SAS avec 90 % des actions - OpenGate détenant 10 % -, il veut renouer avec le “triangle” au centre de sa stratégie autrichienne : sécurité, environnement, qualité. Et regagner des clients, améliorer la qualité et la fiabilité, rendre performant l’outil de production. Sans négliger le dialogue social avec les organisations syndicales et les salariés. Un dialogue à la viennoise, dans l’esprit des relations franches et directes entretenues avec les partenaires sociaux en Autriche, des négociations se terminant parfois “autour d’un verre de bière”.
Vincent Charbonnier
Bref Rhône-Alpes n° 2149 du 12/02/2014
Pour en savoir plus sur Bref Rhône-Alpes et ses autres supports.