A peine la saison d’hiver touche-t-elle à sa fin que, déjà, les professionnels de la montagne ont la tête tournée vers la prochaine. Ils se sont retrouvés à Grenoble Alpexpo, lors du salon Moutain Planet 2016 (du 13 au 15 avril), pour découvrir les derniers modèles de remontées mécaniques, enneigeurs, dameuses ou matériels de sécurité (850 exposants d’une vingtaine de pays ; 42 000 m² d’exposition).
Cette année, l’ex-SAM (Salon de l’aménagement en montagne) prend une dimension plus internationale. Avec, en particulier, une importante délégation chinoise, invitée d’honneur… et ce n’est pas un hasard. Comme l’explique Laurent Vana, dont le cabinet est spécialisé dans les études de marché du ski mondial, “je rentre de Chine et je pense que le modèle de développement choisi (des stations où tout est intégré avec un seul opérateur) va permettre de développer considérablement le ski dans ce pays”.
Pas de doute, la filière neige s’est mondialisée. Après Sotchi (2014) et la Corée du Sud (2018), c’est Pékin qui organisera les Jeux Olympiques d’hiver en 2022, avec un budget de plus de trois milliards de dollars. Autant d’événements qui doivent permettre aux industriels français, reconnus comme experts en équipement de la montagne, de briller pour trouver de nouveaux relais de croissance à l’international (Europe de l’Est, Russie, Kazakhstan, Asie…).
Car en Europe occidentale comme aux Etats-Unis, la ruée vers l’or blanc a vécu. En 2014-15, la fréquentation était en baisse dans les massifs de l’Hexagone et elle le sera encore cet hiver 2015-16. Les Français restent 6,5 millions à skier sur nos pentes, auxquels il faut ajouter 1,5 million d’étrangers, des Britanniques en premier lieu. Les domaines skiables, eux, ne s’agrandissent plus. Ils se modernisent : télésièges et télécabines plus confortables, pistes toujours mieux préparées… sans oublier, bien sûr, la neige de culture.
Pendant les vacances de Noël, les enneigeurs ont permis à de nombreuses stations de limiter la casse. “Nous avons été des précurseurs en installant nos premiers enneigeurs en 1982”, raconte Didier Beuque, directeur de la société d’exploitation du domaine de Villard-de-Lans et Corrençon. “Sans neige de culture cet hiver, nous aurions perdu 80 % de notre chiffre d’affaires. D’ici 2025, il nous faudra encore investir 4 millions d’euros dans l’enneigement artificiel”.
Mais alors que le ski ne se pratique plus que quelques heures par jour, que d’aucun ne le jugent plus assez “sexy” pour attirer les jeunes et qu’il n’est plus appris par les enfants autant que par le passé, l’avenir du tourisme d’hiver ne passe plus seulement par des investissements lourds. La montagne française doit innover pour attirer une nouvelle clientèle. L’hiver comme l’été.
Didier Durand
@didierldurand
Photo : ©D. Durand
Bref Rhône-Alpes Auvergne n° 2240 du 06/04/2016
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