Depuis six générations, la famille Aguettant imprime discrètement sa marque dans l’histoire pharmaceutique lyonnaise depuis Gerland qui a vu naître la médecine vétérinaire, bioMérieux, Condat, et bien d’autres, et qui est devenu au fil des ans, le quartier des biotech, désormais baptisé Biodistrict de Gerland. Ainsi, lorsque s’est posée la question d’agrandir et moderniser ses installations actuelles, la famille Aguettant n’a pas hésité… à le faire sur place : “Si on délocalise la production, on assèche la R&D*”, a martelé Sébastien Aguettant, président du conseil de surveillance.
Une fois les questions administratives réglées - la Ville de Lyon a vendu le terrain mitoyen qui lui appartenait et en a récupéré un autre - il aura fallu près de trois ans pour faire sortir de terre ce bâtiment de 4 800 m² qui porte la surface totale du site à 8 500 m² : 4 900 m² sont dédiés à la production des médicaments essentiels injectables (seringues, flacons et ampoules pré-remplis), 1 000 m² aux laboratoires (R&D et contrôle qualité) et 1 734 m² au siège social. Sur les 540 personnes employées par le groupe**, 280 sont basées à Gerland et 49 à l’étranger (la moitié en Europe et l’autre en Asie).
Si la présence d’Aguettant à l’international n’est pas nouvelle - elle vend déjà ses produits dans soixante pays et compte des filiales au Royaume-Uni, en Belgique et au Viêt-Nam - elle est clairement en train de s’accélérer, notamment sous l’impulsion d’Eric Rougemond, arrivé à la présidence en 2013. Depuis le début de l’année, trois nouvelles filiales ont ainsi été créées (Allemagne, Espagne et Italie). Et si le laboratoire réalise 25 % de ses ventes à l’international, l’objectif est d’inverser le rapport, tout en portant le chiffre d’affaires à 200 millions d’euros d’ici dix ans (106 millions d'euros en 2015).
Pour y parvenir, la laboratoire mise sur les Etats-Unis et sur son produit-phare, la seringue pré-remplie : en 2015, il a noué un partenariat avec l’américain Baxter pour développer une gamme de micronutriments essentiels injectables. Et son nouvel outil de production pourrait lui permettre d’obtenir “une certification de la FDA (Food and Drug Administration) pour vendre nos produits aux Etats-Unis en 2018”, espère le directeur du site, Antoine Beroud. Avec sa capacité de production de huit millions d’unités, le site de Gerland est maintenant dimensionné pour répondre à la croissance attendue du groupe.
Corinne Delisle
@corinnedelisle
* Le laboratoire investit 5 % de son CA en R&D (25 pers.).
** Le solde des effectifs se répartit entre la filiale grenobloise PX’ Therapeutics (acquise en 2012), un site de production à Champagne (Ardèche) qui va prochainement bénéficier d’un investissement de 6 M€, et l’entrepôt logistique de Saint-Fons.
Bref Rhône-Alpes Auvergne n° 2245 du 18/05/2016
Pour en savoir plus sur Bref Rhône-Alpes et ses autres supports.