Souple, légère, reposant sur un substrat de cellulose et de carbone, la biopile peut alimenter des petits dispositifs électroniques.
Cette innovation a été présentée pour la troisième fois cette année au CES de Las Vegas. Elle a aussi glané des récompenses comme au MET (Montagne Ecologie Technologie) de Courchevel en décembre. De quoi s’agit-il ? De la création d’électricité à partir d’une feuille de papier. Une invention grenobloise.
Créée en mai 2020 après de nombreuses années de recherche dans le domaine médical (technologies implantables), la société grenobloise BeFC a déposé six brevets mondiaux (quatorze autres sont en cours) sur sa technologie de rupture : la création d’électricité à partir d’une feuille de papier (cellulose et électrodes en carbone) et d’enzymes qui vont convertir du glucose et de l’oxygène en courant électrique de très basse puissance. Une énergie totalement organique, biosourcée, sans métal ni plastique, capable de remplacer les piles boutons à base de lithium habituellement utilisées pour alimenter des capteurs électroniques, microcontrôleurs, modules de communication sans fil, etc.
Des patchs, des objets connectés...
Les premiers essais ont été réalisés sur des tests digitaux de grossesse. Dans le monde de la santé, les applications seront nombreuses : BeFC vient ainsi de signer un partenariat industriel avec la société israélienne Pronat qui proposera des patchs fonctionnant avec cette nouvelle énergie organique. D’autres domaines, gourmands en objets connectés, sont envisagés, comme la logistique ou le packaging.
Spin-off du CNRS, la jeune entreprise, incubée un temps au sein de la Satt Linksium (Grenoble), emploie 24 personnes (Pdg : Jules Hammond). Elle a réalisé en juin 2020 une première levée de fonds de 3 millions d’euros (Demeter, BNP Paribas Développement, Supernova Invest) et en envisage une deuxième pour l’été prochain. Sa montée en puissance pourrait bien s’apparenter au décollage d’une fusée : d’1 million d’euros en 2021, les prévisionnels montent à 50 millions en 2024.
Cet article a été publié dans le numéro 2480 de Bref Eco.