Précurseur, l’incubateur d’EM Lyon fête ses 30 ans cette année. Une occasion pour rappeler à tous les ressorts de son ADN.
EMLyon vient de fêter officiellement les 30 ans de son incubateur. Trois décennies qui donnent à l’Ecole de management une solide expérience en matière d’entrepreneuriat et font d’elle un formidable observatoire de la création d’entreprise : elle a ainsi contribué à en créer 950 soit près de 11 000 emplois directs*.
A l’origine de l’incubateur avec une équipe restreinte d’“allumés” comme il s’amuse à la décrire, Michel Coster, son directeur, se souvient : “A l’époque, les grandes écoles allaient vers les grandes entreprises. Nous, ce qui nous intéressait, c’était déjà la création d’entreprise et l’idée d’entrepreneuriat. C’est notre ADN !” L’incubateur s’est d’emblée ouvert aux projets de toute nature, de l’insertion jusqu’à la start-up “worldwide et no limit”.
“La performance d’une entreprise est à la mesure de celui qui la crée et la développe”, estime Michel Coster. “Aux réussites hors du commun sont associés des dirigeants qui ont une véritable obsession de la satisfaction du client et la volonté constante d’innover. Ceux qui ont le mieux marché ont su vivre dans cet inconfort permanent, tout en gérant ce qui va bien dans l’entreprise”. D’où l’intérêt que peut représenter, d’ailleurs, un entrepreneuriat d’équipe : une dream team qui associe plusieurs compétences peut renverser des montagnes, changer de direction, faire évoluer son modèle. Quitte à générer des conflits entre fortes personnalités.
Finalement, “ce qui a le plus changé en trente ans, c’est que le rythme des business s’accélère considérablement. Pendant longtemps, les créateurs d’entreprises craignaient de se faire voler leur idée en la divulguant. Aujourd’hui, ce n’est plus le problème. Il faut échanger, être sur le terrain, connaître ses clients, partir à l’étranger, et aller très vite”, explique encore Michel Coster. L’international : voilà, avec Internet et le numérique, un accélérateur à ne plus négliger. Ne serait-ce que pour s’imprégner d’autres cultures et renforcer ses convictions. Comme le raconte Maxime Nory, cofondateur de la start-up Simplifia, incubée à EMLyon : “En France, on a peur de voir les choses en grand. Aux Etats-Unis, où nous étions récemment, les mots d’ordre sont : think big, think different, sky has no limit…” Des principes que le jeune dirigeant entend désormais appliquer. Simplifia, qui propose sur Internet des services funéraires en ligne (assistance administrative pour les familles endeuillées, annuaire de pompes funèbres, etc.), voit l’avenir en grand. Créée en 2011, elle ne réalisera que 500 000 euros de chiffre d’affaires cette année, avec un effectif de 25 personnes. Mais annonce 15 millions d’euros à trois ans ! L’incubateur lui apporte émulation, réseau, échanges avec les autres créateurs, autant que technique financière ou de gestion. Et il faut bien tout ça. Car, comme le dit avec humour Fabrice Plasson, dirigeant d’Amoeba, lui aussi passé par l’incubateur : “Une start-up innovante, c’est un sprint de 100 mètres sur des talons aiguilles, avec un élastique dans le dos et une bombe à retardement dans la poche”. Le confort, c’est pour plus tard.
Didier Durand
@didierldurand
* Quelques noms évocateurs, parmi les entreprises issues de l’incubateur : Antagène, AP Consultants, Atalante, Emball’iso, Geolid, Hikob, Indicia, Jet Metal, Lavorel, LDLC, Medicrea, Methodia, Prismaflex, Processium.
Photo : ©Philippe Schuller. Michel Coster, directeur de l'incubateur.
Bref Rhône-Alpes n° 2178 du 29/10/2014
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