La future BPI devrait s’appuyer sur les Régions, si l’on en croit les déclarations du président de la République…
Jean-Jack Queyranne : La Région est l’échelon le plus efficace et le plus réactif pour relancer l’industrie et développer l’emploi. La future BPI doit être largement régionalisée. Dans les domaines de l’économie, de l’innovation et de la formation, il faut que les décisions soient prises au niveau régional. C’est pourquoi je plaide pour un modèle de BPI décentralisé et non pour une simple déconcentration des services de cette future banque nationale. C’est le message que je suis allé porter au Président de la République à l’Elysée, avec les Présidents de Région, le 12 septembre 2012.
Concrètement, quelle forme doit prendre la gouvernance de la future BPI ?
J.-J. Q. : La Région est prête à prendre ses responsabilités car nous sommes au contact de la réalité économique du terrain : nous connaissons bien les entreprises qui ont des besoins de financement. Alors, bien entendu, je souhaite que nous soyons présents au sein des instances nationales de la future BPI. Mais il est indispensable que la Région participe à part entière aux instances régionales d’engagement des financements qui seront mis en œuvre. Je prends un exemple : nous n’allons pas éternellement demander l’accord de Paris pour engager des participations inférieures à 10 millions d'euros. On ne peut plus attendre, un mois, deux mois ou plus, que Paris ou Bercy donne son accord parce que la Coface, Oséo, le FSI Régions ou la CDC Entreprises ne peuvent pas prendre leurs décisions localement.
Quelle relation aura la BPI avec des structures financières publiques déjà existantes, comme le fonds régional d’investissement (FRI) ?
J.-J. Q. : La Région Rhône-Alpes a mis en place un certain nombre d’outils financiers en complément de ceux qui sont gérés par les banques régionales. Le FRI, Rhône-Alpes Création et le hub de la finance régionale continueront d’apporter leur pierre au développement des PME de notre région. Travailler en partenariat est une tradition en Rhône-Alpes : c’est ce que nous continuerons de faire et il sera toujours temps de faire évoluer les outils de la Région.
Selon vous, la BPI va-t-elle dans le sens d’une nouvelle décentralisation ?
J.-J. Q. : Il est clair que le modèle de développement jacobin, à vision verticale, est désormais complètement dépassé. La bataille de la compétitivité se joue aujourd’hui à deux niveaux : celui des Régions, car c’est un gage d’efficacité, et celui de l’Europe, car les grandes stratégies industrielle et d’innovation se structurent au niveau européen et plus seulement au niveau des Etats. La modernisation de l’Etat passe par un renouveau des Régions : c’est comme cela que nous répondrons aux attentes des chefs d’entreprises et des salariés.
Propos recueillis par Didier Durand
Bref Rhône-Alpes n° 2088 du 12/09/2012
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