Parmi les 19 projets candidats au statut d’Institut d’Excellence proposé par le Commissariat Général à l’Investissement, Indeed, dédié à “l’usine du futur”, fait partie des deux seuls dossiers retenus. Cet Institut National pour le Développement des Ecotechnologies et des Energies Décarbonées sera implanté au sud de l’agglomération, au cœur d’une Vallée de la chimie qui représente déjà 25 % de la recherche nationale dans cette filière (1 600 chercheurs).
Entouré par les industriels et centres de recherche (Arkema, Solvay-Rhodia, GDF Suez, IFP Energies Nouvelles…) qui participeront à son fonctionnement, Indeed constitue, avec d’autres programmes régionaux comme Axel’One ou Gaya et le pôle de compétitivité Axelera, le nouveau maillon d’une chaîne vertueuse qui entend tourner la page de l’industrie polluante. Après plus d’un siècle d’activité peu regardante sur son impact environnemental, l’ère des “cleantechs” est ouverte. Et Lyon veut se poser comme fer de lance en la matière.
Les plateformes technologiques et pilotes industriels d’Indeed travailleront dans trois directions : les nouveaux procédés, destinés à remplacer les énergies fossiles par des renouvelables ; les économies d’énergie et de matière première et la conception de nouveaux produits à partir de matières renouvelables ; la réutilisation des déchets et la recyclabilité des produits. A la recherche d’innovations de rupture, cet incubateur est ainsi censé faire émerger des filières moins émettrices de CO2, moins consommatrices, mais tout aussi compétitives.
D’ici quelques semaines, une société anonyme sera créée, détenue à 50/50 par les acteurs privés et le secteur public (CNRS, Université de Lyon, Grand Lyon, Région, Etat…). Elle fonctionnera en vendant ses prestations et les brevets qu’elle déposera : en dix ans, le projet vise un portefeuille de 88 brevets et 57 licences négociées. Le budget suivra : 20 millions d’euros et 44 personnes à trois ans, 120 salariés et 150 millions d’euros à dix ans.
Technologique, le projet Indeed n’en prend pas moins une dimension économique et sociale. D’une part, il doit permettre à l’industrie d’innover, de rebondir et de créer de nouveaux emplois plus attrayants ; d’autre part, il entend contribuer à une meilleure acceptation des activités industrielles par la population et les élus locaux, en les rendant plus sûres et plus propres. En clair, il s’agit de garder des usines sur le territoire national, de lutter contre les délocalisations. Y compris dans la filière de la chimie, ancrée dans l’histoire de Lyon au même titre que le textile et la pharmacie (auxquels elle est d’ailleurs intimement liée).
Lors de la présentation officielle d’Indeed, Gérard Collomb, maire de Lyon, l’a réaffirmé : “Après l’accident d’AZF à Toulouse, il y a dix ans, on avait un peu trop facilement tourné le dos à une industrie jugée dangereuse et polluante. A Lyon, on ne l’a pas fait. La chimie reste source d’avenir”. Le sénateur-maire participait ensuite, avec les élus de la Vallée de la chimie (14 communes), à une réunion de travail sur la définition d’un plan d’urbanisme pour ce territoire.
Didier Durand
Bref Rhône-Alpes n° 2047 du 14/09/2011
Photo : Site d'Arkema (Usine de Pierre-Bénite, centre de recherche Rhône-Alpes)
Pour en savoir plus sur Bref Rhône-Alpes et ses autres supports.