Avec Doremi technologies, Patrick Zucchetta numérise les salles de cinéma. Avec 3Dlized, il prépare la banalisation des films en 3D. Du côté de DMS, qui vient de lever 1,2 M€, il immerge le spectateur dans un son à trois dimensions. Ce poly entrepreneur, qui prépare déjà de nouvelles diversifications, est en train de constituer autour de lui un embryon de filière audiovisuelle numérique 3D.
Patrick Zucchetta n’est pas toujours majoritaire au capital des sociétés qu’il supporte. Tel est le cas par exemple de Digital Media Solutions (DMS, Noisiel, 77), une des dernières sociétés créées dans son sillage fin 2009, Associé minoritaire, aux côtés d’Henri Roux, un ancien de DTS (Datasat, Paris), spécialiste des technologies du son "3D", il a aidé à la création de ce qui pourrait devenir un acteur majeur dans la conception, la fabrication et la distribution d’équipements audio 3D pour l’industrie cinématographique, les salles de spectacle et les lieux culturels.
Après un premier tour de table, début 2011, qui avait permis de lever 1 million d'euros auprès de deux busines-angels, la société vient de collecter 1,2 million d'euros auprès de la société de capital-risque et développement I-Source gestion (Paris).
Convaincu de l’avenir du cinéma 3D à condition d’être capable de fournir des contenus bien au-delà de quelque "blockbusters" aux coûts de production faramineux, M. Zucchetta a créé 3Dlized (Cagnes-sur-Mer, 06) en 2007.
Objectif ? Produire, réaliser et tourner en prise directe des films en 3D à partir de spectacles vivants : opéra, théâtre, cirque, etc. Les productions pourront être diffusées sur tous types de médiums : salles de cinéma, TV, consoles de jeu, iPhone, iPad, etc.
Après une phase de R&D, un premier film s’apprête à sortir consacré à un spectacle de cirque. Un accord a déjà été passé avec Nintendo pour qu’il soit diffusé sur ses consoles. Un film de publicité a également été réalisé. Outre cette activité, 3Dlized a mis au point un algorithme qui permet de transformer, en partie automatiquement, un film 2D en 3D. Il en coûtera environ 1 million d'euros pour 90 minutes, soit cinq fois moins cher que les offres actuelles sur le marché US.
La société est en outre en train de mettre au point une "boite magique", un dispositif qui devrait permettre, à une échéance de trois ans, de convertir directement les films 2D en 3D. Une levée de capitaux est à l’étude.
Reste le navire amiral, Doremi technologies et sa société sœur Doremi Labs, (Burbanks), spécialiste californienne des serveurs vidéo. Créée en 2003, Doremi technologies (ex-Highlands technologies, SI 578) assemble et distribue des dispositifs de projection numérique, dont les matériels de base sont fabriqués aux Etats-Unis et en Asie. En charge dès 2003 de la R&D de ces technologies, l’entreprise sophipolitaine les installe depuis 2005. Dans le monde, il existe 145 000 salles dont 30 000 environ sont déjà numérisées. Plus de 20 000 d’entre elles l’ont été par Doremi, qui équipe actuellement 100 salles par mois.
"Ce marché n’est pas extensible et il était donc important pour Doremi de trouver des relais de croissance", explique Yvan Delcourt, gérant de Coaching & Capital (Nice, Aix, Paris), qui accompagne Patrick Zucchetta depuis 2003 dans toutes ses opérations. "La restauration, la numérisation et le stockage de films anciens en 35 millimètres est un marché considérable. Cette diversification a été engagée, il y a un an et demi chez Doremi, et elle est encore en phase de R&D", conclut-il. A l’échéance de cinq à sept ans, quand toutes les salles du monde auront été équipées, Doremi sera à l'évidence prêt à interpréter d’autres partitions.
Jacques Gelin
Doremi technologies : chiffre d'affaires 2010 : 45 millions d'euros
Doremi Labs : chiffre d'affaires 2010 : 55 millions d'euros
3dlized : chiffre d'affaires prévisionnel 2011 : 1 million d'euros
Sud Infos n° 763 du 14/11/2011
Photo : Patrick Zucchetta.