Aidé par le développement de l’économie sociale, La Varappe est parmi les précurseurs de l’insertion professionnelle de publics défavorisés. En 2012, Laurent Laïk, qui le préside, veut continuer à le structurer et le réorganiser. Objectif : la recherche de partenariat avec ses grands donneurs d’ordre et l’ouverture du capital de ses filiales.
Construit sur trois piliers, l’environnement, l’énergie et l’intérim, le groupe La Varappe conjugue, comme il se doit pour un tripode, stabilité et mouvement. Le groupe est le prolongement de l’association La Varappe développement créée par la mairie communiste d’Aubagne et toujours actionnaire majoritaire (51 %) de la holding Optima SAS.
Dans ce groupe, la réinsertion est soumise à un cycle. "Notre processus d’intégration consiste d’abord à constituer des équipes variées avec des personnes en grandes difficultés que nous adressent des organismes comme Pôle emploi ou les missions locales pour l’insertion", explique Laurent Laïk, qui dirige l’entreprise associative depuis 15 ans.
Le cycle commence souvent dans la filiale environnement (LVD Environnement) par la gestion des espaces verts, des cours d’eau ou la gestion des déchets. Après avoir vérifié l’aptitude au travail et la volonté de travailler, La Varappe propose des contrats de travail temporaires via sa filiale d’intérim Eureka. Lors de cette phase, les problématiques sociales (logement, alcoolisme, drogue, sortie de prison, etc.) sont examinées par le service RH pour les orienter vers les bons interlocuteurs. "Notre objectif est de ne pas garder la personne plus d’un an dans ce premier sas et de bâtir avec elle au plus tôt un projet professionnel réaliste pour lequel nous mobilisons les fonds de formations de nos branches professionnelles", insiste M. Laïk.
En 2011, 120 personnes sont sorties avec une solution viable d’emploi, soit 54 % de l’effectif. L’équilibre économique du groupe repose sur les subventions publiques reçues pour chaque mission de réinsertion, toutes les filiales étant conventionnées avec l’Etat. "Ce financement public, à hauteur de 12 % de notre chiffre d’affaires, vient compenser la moindre productivité de nos salariés", explique-t-il.
Avec une croissance de 12 % du chiffre d’affaires en 2011 (12 millions d'euros) tirée par l’intérim, le groupe recrute régulièrement des permanents. Face à l’afflux de cadres déçus par le monde de l’entreprise qui veulent rejoindre le groupe sans avoir forcément le profil adéquat, La Varappe a pris conscience que sa performance reposait sur les savoir-faire de ses managers. Un travail difficile puisqu’une fois formé, le salarié part et qu’il faut recommencer avec les nouveaux. Un module de formation de quatre jours sera mis en place en 2012 dans lequel les 100 permanents pourront se former et se ressourcer chaque année. La mise en place d’un tutorat du nouvel arrivé est également la clé de voûte du système.
La croissance du groupe ne doit pas lui faire oublier sa finalité sociale : "Les excédents d’exploitation sont réinvestis pour augmenter la masse salariale et embaucher", précise encore le dirigeant qui, grâce au prix de l’entrepreneur social qu’il a reçu en 2010, a pu participer au forum économique de Davos et témoigner qu’une entreprise pouvait à la fois être rentable et créatrice de cohésion sociale. Pour se concentrer sur sa mission première de réinsertion, Laurent Laïk souhaite ouvrir en 2012 le capital de ses filiales à des partenaires industriels pour qu’ils apportent leur savoir-faire opérationnel. Une opération déjà initiée avec le groupe Schneider qui est rentré à hauteur de 20 % dans LVD Energie et a permis l’ouverture d’une agence à Montpellier en 2011.
Anne-Cécile Ratcliffe
Sud Infos n° 774 du 13/02/2012