La librairie toulonnaise Charlemagne diversifie ses activités avec un concept original de relais presse. Une action destinée à trouver de nouvelles opportunités de croissance et à anticiper la probable perte de son marché historique pour la marine nationale fin 2012. En cause : la mise en place du SAE, le Service centralisé des achats de l’Etat.
Les habitants du village de Pierrefeu dans le Var ont découvert depuis quelques jours une nouvelle maison de presse, à l’enseigne "Relais C" : C comme Charlemagne. Olivier Rouard, directeur des points de vente de Charlemagne, s’est engagé depuis quelques années déjà dans la diversification de ses activités.
La librairie, qui ne comptait encore qu’un magasin à Toulon il y a 15 ans, compte aujourd’hui neuf points de vente généralistes ou spécialisés dans le Var, et quatre sites Internet. "Les maisons de presse sont en phase avec notre image, celle de la proximité", indique Olivier Rouard, 4e génération à la direction de cette entreprise familiale. "Avec les Relais C, nous souhaitons répondre à la problématique de survie de ces magasins, étranglés par la faible rentabilité de l’activité presse et leur apporter des sources de développement."
Le contrat de partenariat avec les magasins, préféré à la franchise plus contraignante, consiste pour Charlemagne à apporter son savoir-faire et son expertise dans la librairie-papeterie et une enseigne reconnue. En contrepartie, la maison de presse s’engage à s’approvisionner chez Charlemagne. Le magasin pilote de Pierrefeu, installé depuis début décembre, permettra de valider l’aménagement des magasins et de roder l’organisation jusqu’en mars prochain, période à partir de laquelle Olivier Rouard compte bien aller proposer son concept à d’autres maisons de presse.
En 2012, la mise en place du SAE, le nouveau Service centralisé des achats généraux de l’Etat, signera probablement la fin du contrat d’approvisionnement avec la marine nationale. Ce client historique majeur pèse pour 15 % dans l’activité professionnelle de fournitures scolaires et de bureau. A l’origine des établissements Rouard, rebaptisés Charlemagne dans les années 60, cette activité représente près de 60 % du chiffre d’affaires annuel.
Si la grogne des PME craignant d’être exclues de la commande publique s’organise, l’entreprise se prépare néanmoins au pire en densifiant sa présence commerciale sur les PME et en répondant à des appels d’offres conséquents. Une stratégie avec des résultats encourageants puisqu’en 2011, l’activité professionnelle a progressé de 25 % sur le 1er semestre grâce au marché remporté avec le CEA. "Avec notre politique de diversification et nos neufs points de vente, nous avons maintenant atteint une bonne taille, ce qui nous permet de rivaliser avec la concurrence d’Internet et des grandes surfaces culturelles. L’accompagnement culturel que nous proposons sur Toulon a renforcé également notre attractivité. Enfin, notre appartenance à des groupements d’achats pour la plupart de nos activités nous permet de mutualiser les coûts et d’obtenir des conditions d’achats plus favorables que si nous étions restés seuls", conclut Olivier Rouard qui veut donc en 2012 continuer à conforter sa position d’acteur régional.
Anne-Cécile Ratcliffe
Chiffre d'affaires prévisionnel 2011 : 21 millions d'euros, + 10 %, effectif : 130.
Sud Infos n° 768 du 19/12/2011