En marge du récent Sommet du G8 à Deauville, Nicolas Sarkozy a signé avec Dmitri Medvedev un protocole de coopération portant sur le développement du tourisme en Russie. Un secteur devenu prioritaire pour le Kremlin, qui, fort de son statut d’organisateur des prochains Jeux Olympiques d’hiver (Sotchi 2014), cherche à s’appuyer sur les compétences françaises afin de mener à bien les immenses chantiers annoncés dans les montagnes russes pour les quinze prochaines années. Pour l’association savoyarde France Neige International (FNI ; président : Xavier Dullin), cet accord confirme les nombreuses opportunités d’affaires qu’elle entrevoit depuis quelques temps en Russie, devenue l’un des relais crédibles du marché hexagonal désormais mature.
Créée en 1984 pour promouvoir les savoir-faire de la montagne française, FNI compte une cinquantaine d’entreprises membres* regroupant les meilleures compétences en matière d’aménagement de stations : ingénierie, environnement, risques naturels, infrastructures de transport, architecture et urbanisme, remontées mécaniques, sécurisation des pistes, etc. En 1996, l’association révélait au ministère russe des Sports le potentiel touristique de la Vallée de Krasnaya Polyana (Caucase) ; son rapport de mission précédera de quelques années la candidature de Sotchi. Et les chantiers olympiques font aujourd’hui appel à plusieurs sociétés rhônalpines venues épauler un Etat russe en manque d’expérience dans le domaine : Poma (remontées mécaniques), Johnson Control Neige (neige artificielle), TAS (déclencheurs d’avalanches), Dianeige (planification), MBS Adic (filets de protection), Compagnie des Alpes…
Mais vus de Moscou, les JO ne sont qu’une étape. Un projet d’une toute autre ampleur a été rendu public en juillet 2010, présenté depuis aux investisseurs étrangers à Davos puis à Deauville. Il s’agit d’aménager cinq stations de montagne dans le Caucase du nord, entre Mer Noire et Mer Caspienne, pour un montant d’investissements publics et privés avoisinant les 80 milliards d’euros, soit plus du double de Sotchi ! Pas moins de 800 km de pistes et 105 000 lits touristiques devraient voir le jour. En quelques années, les quelques stations héritées de la période soviétique, obsolètes et mal entretenues, devraient faire place à un parc de sites modernes : dans le Caucase d’abord, où l’on prévoit 100 000 emplois touristiques nouveaux, mais aussi dans l’Altaï, dans la région d’Irkoutsk près du Lac Baïkal, voire dans la péninsule du Kamtchatka, à l’extrême est du pays. Une sorte de “plan neige” extrêmement ambitieux dans un pays qui n’a pas encore exploité son or blanc.
Les défis qu’il aura à relever ne sont pas minces : l’hiver dernier, les stations existantes ne pouvaient pas fonctionner en même temps… faute d’alimentation électrique. Pas de doute : l’expertise rhônalpine a une carte à jouer. C’est ce que FNI montrera, les 17 et 18 juin, lors d’une mission économique à Saint Petersbourg qui doit entériner le projet de création d’une société d’économie mixte d’aménagement franco-russe, au sein de laquelle la Caisse des Dépôts devrait jouer un rôle clé.
Didier Durand
* FNI est également soutenue par les collectivités (Régions Rhône-Alpes et Paca, Assemblée des Pays de Savoie, Département de l’Isère, Comité de massif des Alpes) et l’Etat.
Bref Rhône-Alpes n° 2039 du 15/06/2011