Après des chutes de neige tardives, cet hiver restera comme un grand cru… pour ceux qui ont eu la chance de profiter du domaine skiable français, deuxième destination mondiale après les Etats-Unis. Manteau blanc particulièrement épais, qualité de la neige : les 8 % de Français qui partent en vacances d’hiver à la montagne n’auront pas eu à se plaindre du réchauffement climatique. Les stations françaises n’en font pas moins face à un marché des sports d’hiver mature et devront aiguiser leurs stratégies pour conserver ou développer leur clientèle. C’est ce que laisse entendre Yves Bontoux, l’un des auteurs du "Palmarès des meilleures stations des Alpes 2012" que vient de publier l’ESC Chambéry Savoie*.
Première tendance observée : malgré les nombreuses formules permettant d’alléger la facture (“soldeurs” internet, notamment), le ski reste une activité onéreuse et poursuit sa montée en gamme : le luxe, l’opulence et l’ostentatoire ont de beaux jours devant eux. Les stations huppées (Courch’, Megève et consorts), devenues de vraies marques commerciales, n’attirent d’ailleurs pas seulement le gratin de la planète : une certaine classe moyenne, attirée par les paillettes, vient aussi parfois y casser sa tirelire. La multiplication récente des résidences haut de gamme et autres restaurants étoilés répond à une vraie demande.
Dans un tout autre registre, l’authenticité est une valeur sûre. Les paysages, la neige, la beauté de la nature : autant d’atouts qui “font” la rareté de montagne, bien autant que le nombre de kilomètres de pistes dont les non-skieurs, attirés par l’air pur, n’ont que faire. Dans un monde en quête de sens et de supplément d’âme, des sites préservés comme Bonneval-sur-Arc ou Samoëns ont une bonne carte à jouer. Mais entre luxe et vraie tradition, d’autres pistes s’offrent aux touristes : grands domaines, lieux de loisirs plus familiaux… Autant de possibilités dont les amateurs de ski n’hésitent plus à profiter : les mêmes personnes peuvent passer d’un style à un autre, d’une montagne à une autre, d’un type de séjour à un autre.
Depuis le boom “industriel” des stations des années 1960 et 70, les attentes ont donc beaucoup changé. Le modèle originel a atteint ses limites. “Il nous revient, aujourd’hui, la responsabilité d’ouvrir une nouvelle voie”, expliquait Jean-Jack Queyranne, président de la Région Rhône-Alpes, lors du colloque de prospective Montagne 2040. Un changement de cap qui devra désormais intégrer les dimensions humaine, énergétique et écologique, si la montagne veut rester un lieu de vie autant qu’une source de création de richesses.
Didier Durand
* Enquête auprès de 2 730 clients et 100 professionnels, complétée par une analyse de l’offre des stations (300 variables). Les trios gagnants :
Stations “luxe” :
Stations “art de vivre” :
Stations “ski grands domaines” :
Stations “vitalité, ski ludique et fête” :
Stations “montagne préservée” :
Stations “montagne mythique” :
Stations “ski loisir et découverte” :
Bref Rhône-Alpes n° 2068 du 29/02/2012
Photo : Aime La Plagne 2000 / ©B.koumanov.
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