Il faudra bien l’été pour que la Haute-Savoie digère l’échec de sa candidature aux JO d’hiver 2018*. Le Mont Blanc n’a pas convaincu le CIO. Dommage : l’occasion était belle de montrer au monde entier qu’en Haute-Savoie on sait accueillir des champions de ski, tout autant que des leaders industriels qui disposent ici d’un environnement privilégié. Ce département, dont le taux de chômage est revenu à 7,3 % de la population active contre 9,2 à l’échelle nationale**, fait preuve d’un dynamisme rare. C’est ce que confirme une récente étude de l’Agence économique départementale***.
Parmi les secteurs analysés, le décolletage tient une place centrale : spécialité historique, reposant sur l’usinage de barres métalliques de taille variable (comme celles qui s’intègrent dans le mécanisme d’une montre), il reste un pilier de la Haute-Savoie et représente 70 % de la filière française ! Un “écosystème” de 600 entreprises et 14 000 emplois qui encaisse les crises comme nul autre, grâce à la multiplicité de ses compétences et de ses débouchés (automobile, aéronautique, spatial, médical). Depuis 2009, "même avec des commandes réduites de moitié pendant plus d’un an, le tissu industriel n’enregistre pas de dépôt de bilan significatif", note l’Agence.
Plusieurs fonds de pension, venus aspirer des marges en rachetant quelques fleurons de la Vallée de l’Arve, sont repartis lors de la crise sans avoir investi le moindre euro… tant pis : des entrepreneurs locaux se sont attelés à rétablir des groupes de taille sérieuse (Alpen’Tech, Baud, Maike…). Ils poursuivent leur développement à l’international, diversifient leur clientèle (pièces pour les éoliennes, les pompes à chaleur, la robotique) et intègrent de l’électronique dans leurs pièces mécaniques : c’est la mécatronique, considérée par le ministère de l’Industrie comme une technologie clé.
Piloté par le pôle de compétitivité Arve Industries, le plan “Expansion 2020” vise ainsi la création de 3 000 emplois dans les dix ans. Sans complexe, les décolleteurs ! Même pas peur des pays low cost : le directeur du pôle, Jean-Marc André, aime rappeler que le pays considéré comme le plus compétitif en 2010 est… la Suisse. Et rêve d’une certification Qualité Haute-Savoie.
A l’ombre de filières traditionnelles comme le bois et le tourisme, ou plus récentes comme les industries du sport, de nouvelles activités émergent. Un pôle Image doit ainsi voir le jour sur 7 000 m2 à Cran-Gevrier en 2013, afin de regrouper les nombreuses entreprises locales de l’audiovisuel, de l’animation et des jeux vidéo. Et Archamps, à travers son BioPark, rêve de devenir un trait d’union entre Lyon, Grenoble et la Suisse dans le domaine des sciences de la vie. La Suisse, parlons-en ! Car la Haute-Savoie vit aussi au rythme de Genève qui, même si tout n’est pas rose avec cette puissante voisine, est fortement créatrice d’emplois et de richesses.
Alors, pas d’inquiétude : la Haute-Savoie se remettra de l’échec de Durban.
Didier Durand
* La petite minorité d’opposants a, quant à elle, fêté l’événement, ou plutôt le non-événement.
** Soit le deuxième plus faible de Rhône-Alpes après l’Ain, et le 14ème français. Moyenne pour le 1er trimestre 2011. Source Insee.
*** “Secteurs au sommet”, mai 2011.
Bref n° 2044 du 26/07/2011