Près de 450 salariés du Grand Port maritime de Marseille vont être transférés à des sociétés de manutention privées ou à une filiale du port d’ici le 1er juin. Ils ont obtenu une prime de transfert rondelette en dépit de la possibilité garantie à vie de revenir, en cas de difficulté financière de la structure qui les accueille, chez leur ancien employeur.
Comme d’habitude, Marseille se distingue. La réforme portuaire ne sera pas appliquée dans le port phocéen le 3 mai comme dans les autres ports mais entre cette date et le 1er juin. Surtout, pour que les 450 salariés d’exploitation du port acceptent d’être transférés de l’établissement public Grand port maritime de Marseille aux sociétés de manutention ou à la filiale spécialement créée, il a fallu que le gouvernement accepte une revendication du syndicat nouvellement implanté à Marseille, la Confédération Nationale des travailleurs portuaires et assimilés (CNTPA).
Celui-ci a demandé une prime de transfert de 12 000 euros brut (près de 10 000 euros net) pour les salariés transférés et l’a obtenu ! Le paiement sera étalé sur quatre ans, d’ici 2014, de manière à fidéliser, dans leurs nouvelles structures, les salariés qui ont la possibilité à vie de revenir dans leur ancienne entreprise. Au total, la facture atteint 5,4 M€ !
Rappelons que la loi votée du 4 juillet 2008 prévoit un recentrage des Grand Port maritime, les anciens ports autonomes, sur leurs fonctions régaliennes et le transfert au privé des activités d’exploitation, c'est-à-dire principalement la manutention verticale (portiques de déchargement, conducteurs et mainteneurs) des conteneurs des bateaux à quai. L’objectif est d’obtenir une unité de commandement de ces salariés avec les dockers déjà transférés aux sociétés privées de manutention en 1992. Les négociations pour y parvenir ont suscité de nombreuses grèves depuis près de trois ans.
La CGT a ainsi obtenu que l’activité pétrole ne soit pas privatisée. Une filiale à 66 % du GPMM, Fluxel, a été créée et les 220 salariés de cette activité y seront transférés le 16 mai, date prévue pour la signature des conventions tripartites entre chaque salarié, le GPMM et Fluxel. Le GPMM reste très mystérieux sur les actionnaires minoritaires de cette nouvelle filiale mais il s’agirait de la Société du Pipeline Sud-Européen (propriété de Total, ExxonMobil, BP, Shell, BASF…), du Dépôt pétrolier de la Crau et du Dépôt Pétrolier de Fos.
A Fos, 130 portiqueurs et personnels de maintenance en CDI auxquels s’ajoutent 30 CDD qui seront transformés en CDI sont transférés le 3 mai par le GPMM à Eurofos (71 CDI + 9 CDD) et à Seayard (59 CDI + 21 CDD). Certains salariés du GPMM ont préféré rester dans leur entreprise ou tenter une autre expérience mais « un accord a été passé pour que chaque salarié ait une proposition », souligne Christian Paschetta, patron d’Eurofos, qui se déclare « extrêmement soulagé » de cette issue.
A Marseille, les négociations ont été beaucoup plus compliquées sur le terminal à conteneurs de Mourepiane rebaptisé Med Europe. L’opérateur historique, Intramar (filiale de Port Synergy, elle-même filiale commune de CMA CGM et de Dubaï Ports World), s’est porté candidat à la reprise de 4 portiques et d’une grue (valorisés 11,5 M€). La société qui a été recapitalisée de 10 M€ et qui a créé une société ad hoc, Intramar STS dont le GPMM a pris 34 % du capital, reprend également les 36 grutiers et les 18 agents de maintenance du GPMM qui travaillaient à Mourepiane (s’ils signent tous la convention tri partite), soit beaucoup plus que ce qu’elle désirait.
Pour boucler un accord, le GPMM a du prendre l’engagement de financer le coût des sureffectifs (12 à 20 personnes). « C’est un système vertueux car il incite tout le monde à développer l’activité », souligne Michel Henry, patron d’Intramar. Les matériels doivent être transférés le 3 mai et les salariés le 1er juin. La réforme sera alors enfin bouclée à Marseille. Mais à quel prix ! Au sein du GPMM, les salariés sont d’ailleurs inquiets du coût supporté par leur établissement. Ils ont réclamé une prime de stress…sans succès jusqu’à aujourd’hui.
Aliette de Broqua
SI 743 du 02/05/2011
Photo : ©GPMM
Intramar STS reprend également les 36 grutiers et les 18 agents de maintenance du GPMM qui travaillaient à Mourepiane, soit beaucoup plus que ce qu’elle désirait. Pour boucler un accord, le GPMM a du prendre l’engagement de financer le coût des sureffectifs…