A Lyon, Saint-Etienne et Grenoble, on est satisfait de la première sélection des projets Equipex (Equipements d’excellence) retenus dans le cadre du Grand Emprunt. Et il y a de quoi. Sur les 52 projets choisis, dix seront développés en Rhône-Alpes (presque un projet sur cinq !) pour un total de 62 millions d’euros de dotations d’Etat, à quoi il faut rajouter quatre projets développés dans d’autres régions, mais auxquels des labos rhônalpins participeront. Ce résultat confirme l’énorme potentiel d’innovation de la région et la capacité d’entraînement de ses laboratoires sur des sujets d’avenir comme l’énergie, les sciences du vivant, l’environnement, l’informatique ou les nanotechnologies.
Du côté de Lyon et de Saint-Etienne, qui savent désormais parler d’une même voix “métropolitaine” quand il le faut, l’Ecole Centrale (Ecully) est l’une des grandes gagnantes du choix du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Avec l’Université stéphanoise Jean Monnet, elle est impliquée dans trois projets. Ainsi, “IVTV” (2,7 ME de dotation), qui explorera l’effet du vieillissement sur les tissus humains (peau, os, tendons, artères…) afin de tracer des pistes pour la prévention et la thérapeutique (ostéoporose ; prothèses de la hanche, du genou…). Egalement retenu, “Manutech” (Bref n° 2021 ; 4,2 ME de dotation) permettra de réaliser une machine unique au monde destinée à modifier la géographie des surfaces : une amélioration de la morphologie de pièces mécaniques, par exemple, pourrait abaisser jusqu’à 15 % la consommation des moteurs thermiques. Enfin, le projet “Phare” (3 ME) se concentrera sur les machines tournantes, comme les réacteurs d’avion, pour en améliorer le rendement et la résistance (aux impacts d’oiseaux par ex.). On peut aussi citer le projet “Sens” (1,8 ME), porté par le Centre de résonance magnétique nucléaire de Lyon, l’ENS-Lyon et l’Université Claude Bernard, qui élargira considérablement la gamme des systèmes moléculaires pouvant être étudiés par résonance magnétique nucléaire, grâce à un appareillage des plus avancés au monde.
Grenoble n’est pas en reste, avec cinq projets portés directement par l’Université Joseph Fourier et le CEA-Leti. Ainsi, “LaSup” (7 ME de dotation) réalisera une plateforme cryogénique d’aimants supra-conducteurs ; “Impact” (5 ME) est un équipement de nanocaractérisation ; “Noema” (10 ME) permettra de mieux étudier la formation des étoiles et des galaxies, et “FDSOI11” contribuera à la fabrication d’une nouvelle génération de composants électroniques ; tandis que “EcoX” (4,2 ME) dotera l’ESRF d’une seconde ligne de lumière.
Cette manne d’argent public s’accompagnera souvent de financements privés (EDF, Safran, HEF, etc.) : “Si des entreprises s’intéressent à ces recherches, c’est qu’elles espèrent les appliquer à une échelle industrielle”, explique Patrick Bourgin, directeur de l’Ecole Centrale de Lyon. Comme lui, la communauté scientifique régionale attend désormais le résultat des prochains appels à projets du Grand Emprunt dont une partie devrait être dévoilée d’ici l’été.
* Notons que Chambéry participe au programme NanoID regroupant Grenoble, Marseille et Saclay.
Didier Durand
Bref Rhône-Alpes n° 2022 du 02/02/2011
Photo : L'Université Claude Bernard, à Lyon.