Effet séduction assuré, la semaine dernière au Salon de l’Auto de Genève, pour la première présentation officielle de l’Astute Car. Et pas seulement grâce au look et aux portes en ailes de papillon de cette voiture électrique. Non, tenez-vous bien : pas de liaison mécanique entre le volant et les roues (pas de barre de direction) ; ni de pédale. Toutes les commandes de conduite (virage, accélération, freinage) sont envoyées par électronique depuis le volant. Avec ses deux moteurs en contact direct avec les roues arrière, un système d’absorption des chocs reposant sur des poutres composites, une autonomie affichée de 300 km et une vitesse maximale de 140 km/h, l’Astute innove tous azimuts. C’était bien l’objectif de son concepteur, le groupe d’ingénierie d’origine lyonnaise Akka Technologies*.
L’Astute Car ne sera jamais commercialisée sous sa forme actuelle : c’est un démonstrateur. Une vitrine de technologies embarquées (douze brevets déposés) pour Akka et son Centre de recherches (CRDTA) né… de la crise. Lorsque celle-ci se déclare en 2008, avec la chute brutale des commandes des constructeurs automobiles, ce sont plusieurs centaines de salariés qui se retrouvent sans activité au sein du groupe. Son pdg Maurice Ricci fait alors le pari de ne licencier personne… en espérant un retournement de conjoncture pas trop lointain. A l’équipe qu’il charge de préparer la reprise, le patron ne donne qu’un mot d’ordre : “Transportez-vous vingt ans dans le futur et créez une voiture dotée de toutes les innovations imaginables” !
Retenue parmi les sept concepts issus des premières réflexions, l’Astute Car profitera par ailleurs de l’appel à projet du Conseil général des Yvelines pour la conception d’un véhicule urbain de nouvelle génération… et de ses 700 000 euros de dotation. “Le projet a mobilisé 400 personnes sur 18 mois, soit 60 équivalent temps plein, financés en grande partie sur fonds propres”, précise Denis Pacheteau, responsable de recherche chez Akka. En septembre dernier, convaincu par les avancées de ce programme voiture électrique, Maurice Ricci décide de pérenniser le CRDTA sur le site de Guyancourt. Ce nouveau centre de recherche interne permettra désormais au groupe de proposer ses propres solutions technologiques à ses clients. De quoi répondre à des constructeurs qui n’hésitent plus à confier des projets entiers à des sociétés extérieures (1).
“Cette aventure nous a convaincus d’une chose : une innovation en appelle toujours une autre. Dans l’automobile, on devrait ainsi utiliser davantage les capacités du GPS, qui peut nous informer en avance du relief de la route, pour gérer au mieux la consommation d’énergie. L’innovation, c’est no limit !”
Didier Durand
(1) Akka a ainsi réalisé de A à Z le projet Logan, des premiers dessins à la réalisation de la chaîne de montage des voitures.
*CA 2010 : 400 ME (236 ME en 2007 ; 382 ME en 2008 ; 333 ME en 2009) dont 12 % à l’international ; effectifs fin 2010 : 5 710 collaborateurs (1 600 recrutements réalisés en 2010). Akka accompagne les grandes entreprises, de la R&D à l’industrialisation : ingénierie produits, process, informatique industrielle et embarquée… Quelques clients : Areva, Alstom, BMW, Renault, Safran, Sanofi, Siemens, Thales.
Bref Rhône-Alpes n° 2028 du 16/03/2011
Photo : Ultra compacte, légère, l’Astute n’est qu’un démonstrateur. Mais les technologies qu’elle développe intéressent plusieurs constructeurs.