Entreprise générale du bâtiment, également spécialisé dans la promotion et la construction de maisons individuelles, le groupe bressan SRE-Floriot vient d’être retenu par le promoteur parisien Virgil pour l’aménagement de l’îlot Chablais, au cœur de la ville d’Annemasse (Haute-Savoie). Le projet associe la réalisation de 632 places de parking sur trois niveaux de sous-sols enterrés, de 324 logements (locatifs sociaux et accession), d’une tour dotée de douze logements de standing, d’une galerie commerciale, d’une résidence hôtelière de 85 places et d’un hôtel de 80 chambres, en catégories deux et trois étoiles. Le marché représente un montant de travaux (lancés en 2011 pour une durée d’un an) de 55,4 millions d’euros en première phase, et de 80 millions d’euros, au total, avec la seconde phase (non encore adjugée).
Le groupe SRE-Floriot est l’une de ces rares entreprises moyennes, la seule de son gabarit en Rhône-Alpes, à pouvoir afficher une indépendance capitalistique totale. Ce statut, à la fois enviable et périlleux dans un monde où la concurrence s’exacerbe à outrance, le groupe, qui, de longue date, revendique une éthique et une large palette de valeurs humanistes et sociales, l’assume pleinement. Mais il en connaît aussi la fragilité, surtout dans les confrontations qui l’exposent, via les appels d’offres, aux appétits des majors, de plus en plus présents au niveau régional.
C’est moins la peur des grands groupes qui fait se démener son président, Thierry Gloriès, issu justement de l’un d’entre eux, que la revendication d’une égalité de traitement qui prenne en compte d’autres critères de choix que l’unique et sempiternel moins disant : la plupart du temps, par facilité, prudence et confort, les adjudicateurs préfèrent le prix bas au mieux disant pourtant rendu possible par les textes. En particulier quand le marché est convoité par les grands groupes au profil technique, qui plus est, rassurant. En clair, Thierry Gloriès, qui participe à des séances de travail sur le sujet au ministère des Finances, entend que soient reconnues la technicité, la capacité et la surface que les PME familiales, dont la taille est souvent comparable à celle des filiales des grands groupes, ont su acquérir pour avoir accès, avec des chances équivalentes, aux appels d’offres restreints comme aux partenariats public-privé (PPP). Thierry Gloriès dénonce le “vice caché” de ces joutes où certains proposent systématiquement le prix le plus bas avec, en filigrane, une stratégie programmée d’avenants dont la prise en compte alourdira le coût au-delà des propositions initiales des soumissionnaires et faussera, in fine, la régularité du marché.
Pour SRE-Floriot, qui réalise environ 60 millions d’euros de chiffre d’affaires avec 360 personnes dont 10 % en apprentissage par alternance (du CAP à l’ingénieur), et qui, candidate aussi (entre autres), face aux majors, sur l’extension de l’hôpital de Fleyriat (44 millions d’euros de travaux) à Bourg-en-Bresse, le combat n’est pas simple. Et pourtant, selon Thierry Gloriès, “sur ce type de marchés, les grosses PME sont une alternative crédible aux majors du BTP”.
Laurent Guigon
Bref Rhône-Alpes n° 2011 du 27/10/2010