Lyon, ville de naissance du cinéma. On connaît. Mais Lyon, berceau des neurosciences ? Un peu moins. Pourtant, c’est un chercheur lyonnais, le professeur Michel Jouvet, qui, en 1958, découvrit le sommeil paradoxal. Puis, en 1963, la capitale des Gaules accueillit le premier hôpital universitaire consacré à la neurologie et la neurochirurgie, l’Hôpital Pierre Wertheimer, qui reste à ce jour le plus important en Europe. Plus récemment, c’est encore à Lyon que le CNRS décida d’implanter son Institut des Sciences Cognitives (ISC).
En 2013, l’Université Lyon 1 Claude Bernard aura son NeuroCampus : près de 500 chercheurs, ingénieurs et praticiens s’intéressant au cerveau seront réunis sur le pôle hospitalier de l’Est lyonnais* au sein d’un bâtiment de 6 000 m2. Ce projet, inscrit dans le “Contrat de Programme Etat-Région 2007-2013”, représente un investissement de 15,5 millions d’euros. Le NeuroCampus sera situé dans l’enceinte du Centre hospitalier psychiatrique du Vinatier. Un symbole. Car, pendant près de quarante ans, neurologie et psychiatrie n’ont pas fait bon ménage.
Les nouvelles technologies (l’IRM fonctionnelle notamment) ont permis de rapprocher ces deux spécialités. “Aujourd’hui, on étudie le cerveau comme on étudie le rein. Les désordres mentaux, comme les maladies neurologiques, sont des défauts du cerveau”, résume le professeur François Mauguière, directeur de la fondation Neurodis, qui porte le projet lyonnais d’institut hospitalo-universitaire (IHU) dédié au cerveau et à la santé mentale. Baptisé Cesame, cet IHU est candidat au programme “Investissements d’avenir” lancé par l’Etat “pour doter la France de cinq pôles hospitalo-universitaires favorisant une synergie en matière de recherche, d’enseignement, de soin et de valorisation”. Le projet, estimé à 248 millions d’euros, fédère les mondes académique (34 équipes de recherches impliquées), hospitalier, industriel (32 entreprises de la pharmacie, des biotechnologies, des technologies médicales mais aussi de la robotique et des serious games) et les pôles de compétitivité Lyonbiopôle et Imaginove. L’objectif ? “Concilier neurosciences, psychiatrie et sciences humaines et sociales”, explique le professeur Mauguière qui veut “faire passer les innovations des laboratoires au lit des patients”. Cesame pourrait par exemple travailler avec Imaginove sur des jeux vidéos pour la rééducation fonctionnelle. Ou avec Robopolis pour la mise au point d’un robot thérapeutique. Ou encore, avec Adocia sur une thérapie innovante pour la régénération neuronale.
Si le projet est retenu (la réponse est attendue ce trimestre), Cesame s’installera dans un bâtiment du Vinatier qui sera libéré, dès 2013, suite au regroupement des trois pôles de psychiatrie adulte dans un bâtiment (33 500 m2 ; 100 millions d’euros d’investissement) en cours de construction dans le cadre du plan “Hôpital 2012”. Un chantier énorme. A la mesure des dépenses liées aux maladies mentales et cérébrales (Parkinson, Alzheimer, épilepsie, AVC…) qui représentent pas moins de 35 % du coût de la santé publique en France, soit 42 milliards d’euros par an. Plus que le cancer.
Corinne Delisle
* Le pôle hospitalier de l’Est lyonnais regroupe l’Hôpital neurologique, l’Hôpital psychiatrique du Vinatier, l’Hôpital Mère-Enfant et l’Hôpital cardiologique.
Bref Rhône-Alpes n° 2023 du 09/02/2011
Photo : En plein chantier, le site de l'hôpital du Vinatier va regrouper chercheurs et praticiens autour des neurosciences et des maladies psychiatriques.