A l’occasion des trente ans du TGV, le pdg de la SNCF, Guillaume Pépy, est venu lancer les festivités à Lyon, une ville symbolique : première destination d’une ligne à grande vitesse en 1981, devenue premier hub TGV de France et dotée aujourd’hui d’un atelier de maintenance des rames. Mais, pour la capitale de Rhône-Alpes, le TGV n’est pas seulement une belle histoire. Il est aussi l’avenir, tant l’étoile ferroviaire lyonnaise s’inscrit au cœur des grands projets de ligne à grande vitesse en direction de l’Italie, de l’Allemagne et de… Paris.
Certes, les projets se sont multipliés dans l’Hexagone (1), portés par des élus locaux qui voient en eux les outils d’aménagement du territoire par excellence, et tous ne se concrétiseront pas, compte tenu des énormes investissements nécessaires et d’une rentabilité décroissante au fur et à mesure du déploiement du réseau national. Le “tout TGV” a ses limites. Le raisonnement vaut aussi pour Rhône-Alpes (2). Avec, par exemple, un projet Lyon-Turin qui, s’il a toujours eu le soutien de la classe politique régionale, commence à ressembler à un serpent de mer, plombé par un coût hors norme autant que par les complications de sa nature bi-nationale.
Deux autres projets animeront prochainement les débats rhônalpins. D’abord, le Dijon-Lyon (branche sud du TGV Rhin-Rhône) que certains avaient déjà enterré… avant que le premier ministre n’annonce des études complémentaires à réaliser avant l’été. Conflictuel et économiquement peu convaincant dans sa configuration mixte voyageurs/fret, mobilisant peu les Rhônalpins obnubilés par le Piémont, il pourrait bien réapparaître en pleine lumière, porté par des élus bourguignons et franc-comtois inquiets de la montée en puissance du Paris-Orléans-Clermont-Ferrand-Lyon (POCL), un “concurrent” direct. En effet, si le TGV Rhin-Rhône présente une incontestable dimension européenne quand le POCL reste franco-français, celui-ci a l’avantage de désengorger le trafic de l’historique ligne à grande vitesse Paris-Lyon proche de la saturation… ce que revendiquent aussi les partisans du Rhin-Rhône. C’est sur cette question que pourrait se jouer un éventuel arbitrage.
Soit dit en passant, et contrairement à ce qu’annonce son intitulé, le POCL ne passera pas par Clermont-Ferrand. Il n’en réjouit pas moins les élus roannais qui ont toutes les chances de se retrouver sur son parcours, placés ainsi à 1h30 de Paris et 30 minutes de Lyon ! Une aubaine qui participerait aussi à l’équilibre de Rhône-Alpes. Le débat public devrait être lancé en septembre. Les prochains mois seront des moments clés dans une région qui, décidément, reste au cœur des problématiques TGV.
Didier Durand
(1) Tours-Bordeaux, Bordeaux-Toulouse, Bordeaux-Hendaye, Marseille-Nice, Le Mans-Rennes, Nîmes-Montpellier, Paris-Le Havre… Selon le Grenelle de l’Environnement, 2 000 km de nouvelles lignes doivent être construits d’ici 2020.
(2) Lire, à ce sujet, le très complet numéro de la revue lyonnaise Rhône-Alpes Méditerranée, intitulé : “Rhin-Rhône POCL Transline : la bataille du rail”. Mars 2011, Editions Ires, 20 euros (tél. 04 78 37 25 99).
Bref Rhône-Alpes n° 2034 du 04/05/2011
Photo : A Lyon-Perrache, Guillaume Pépy a fêté les 30 ans du TGV.