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Comme pressenti (BrefEco du 3 février) après la résiliation de la délégation de service public dont bénéficiait la Compagnie des Alpes depuis une dizaine d’années, c’est la Sata (Alpe d’Huez) qui vient d’être retenue pour prendre le relais et gérer le domaine skiable des 2 Alpes.
L’opération était prévue mais elle n’en est pas moins spectaculaire dans le paysage des stations de sport d’hiver. Après avoir écarté la « grande » Compagnie des Alpes trois ans avant la fin de son contrat de délégation de service public (DSP), les deux communes sur lesquelles est installée la station des 2 Alpes viennent de présenter leur nouveau choix : c’est la Sata, la société d’économie mixte déjà en charge de la gestion des pistes de l’Alpe d’Huez, sur l’autre versant de la vallée de l’Oisans, qui a été retenue pour exploiter et développer le domaine skiable des 2 Alpes.
Un programme d’investissement majeur
Sur les trente prochaines années de la nouvelle DSP (qui prendra effet le 1er décembre 2020), la Sata s’est engagée dans un plan d’investissement majeur en faveur des 2 Alpes. Son programme porte ainsi sur 290 millions d’euros qui seront investis pour moderniser et rationaliser le parc de remontées mécaniques, améliorer la capacité et l’accueil des résidents et, globalement, renforcer l’attractivité de la station.
Christophe Monier, directeur général de la Sata, explique : « Les 2 Alpes constituent un très beau domaine, dont la clientèle est très internationale et qui fait partie du top 10 français. Il est caractérisé par un gros dénivelé (de 1300 à 3500 m d’altitude) et une longueur très importante. Le premier gros investissement que nous réaliserons est le remplacement de la télécabine du Jandri par un appareil nouveau, techniquement entre une télécabine et un téléphérique, pour sans doute plus de 50 millions d’euros. Puis viendront toute une série d’investissements de modernisation, avec d’autres remplacements par des appareils plus confortables et à meilleur débit. Et, enfin, des travaux de sécurisation des pistes ». A raison d’une moyenne 10 millions investis chaque année, le domaine va changer de visage, même si aucune extension des pistes n’est prévue.
Quant au volet immobilier, « nous nous y intéressons, bien sûr, comme tout exploitant. Si nous intervenons dans ce domaine, ce sera pour accompagner la modernisation du parc de logements et lutter contre son vieillissement », précise Christophe Monier. Précisons que la Sata dispose de deux filiales : l’une chargée de gérer des restaurants, l’autre tournée vers l’immobilier touristique (Foncière Sata).
Doublement de taille
Pour la Sata, c’est un grand saut. En clair, elle double de taille, les stations voisines (Alpe d’Huez et 2 Alpes) présentant un poids économique assez semblable : 40 millions de chiffre d’affaires, 400 personnes, 1,2 à 1,3 million de journées skieurs, pour une clientèle composée à 40 % d’étrangers... pour chacune d’entre elles. Dès décembre prochain, elle deviendra le deuxième exploitant français, derrière la Compagnie des Alpes, avec sept DSP en cours : l’Alpe d’Huez, Villard-Reculas, Auris, La Garde, Le Freney, La Grave et les 2 Alpes). Rappelons enfin que les communes concernées, de part et d’autre de la vallée de l’Oisans, rêvent d’un téléphérique qui relierait l’Alpe d’Huez et Les 2 Alpes grâce à plusieurs kilomètres de câbles... un autre dossier à suivre de près.
Acteur économique local
La Sata revendique par ailleurs son ancrage local. Créée il y a 60 ans à l’initiative de professionnels et d’hôteliers de la vallée, elle est aujourd’hui détenue par les collectivités locales (60 %), les banques régionales (18 %) ainsi que par des privés (22 %). Et comme le dit Christophe Monier : « Nos premiers clients, avant même les skieurs, ce sont les collectivités ». L’argument de la proximité et du développement du territoire est utilisé sous toutes ses formes : « 100 % des collaborateurs de la Sata vivent et travaillent en Oisans. En recrutant, formant et fidélisant ses collaborateurs sur les stations, les villages et le Bourg, la Sata accompagne le développement local, aide au maintien de l’emploi et donc de la vie locale ».