Deux tiers de l’agriculture régionale sont implantés en territoire de montagne.
Alors que l'on parle tous azimuts de l'industrie du futur, l'agriculture aurhalpine est elle aussi à la pointe de l'innovation. Les laboratoires de semences de la coopérative Limagrain par exemple, créent des variétés pour le monde entier !
Avec l’Industrie du futur, le BTP, le numérique, la santé, l’énergie, les transports, le sport et le tourisme, l’agriculture fait partie des huit « domaines d’excellence » retenus dans le récent schéma de développement éco-nomique régional*.
Si elle n’emploie plus qu’une part très marginale de la population active d’Auvergne-Rhône-Alpes (62.500 exploitations soit 2,5 % de l’emploi), elle continue de façonner nos paysages. Mais surtout, elle innove, se modernise et rayonne dans le monde entier ! Saviez-vous que 70 % des citrouilles consommées aux États-Unis pour Halloween sont conçues dans la Drôme ?
L'agriculture, très peu mise en valeur
L’excellence agricole est généralement mise en valeur par les industries agroalimentaires dont les produits et autres appellations résonnent comme autant de plaisirs culinaires. Le Sirha, qui vient de fermer ses portes à Lyon, leur apporte d’ailleurs tous les deux ans une scène extraordinaire. Mais on parle plus rarement de l’agriculture elle-même.
Réparons cette lacune. D’abord, en rappelant que l’une des entreprises régionales de tout premier plan est… agricole. Et auvergnate : avec Michelin, Limagrain est désormais un autre symbole économique aurhalpin.
2.000 exploitations agricoles adhérentes de Limagrain
Le groupe coopératif organisait récemment à Lyon une rencontre avec la presse, histoire d’améliorer une notoriété disons-le assez faible entre Rhône et Saône, cela malgré une position majeure : 2.000 exploitations agricoles adhérentes, 10.000 salariés dont 2.200 en Auvergne-Rhône-Alpes, 2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires dont 77 % réalisés hors de France, une présence dans 55 pays, 15 % des ventes consacrées à l’innovation… Quatrième semencier mondial et deuxième en potagères, Limagrain est un poids lourd qui déploie une activité stratégique pour la planète : la production de semences pour les cultures céréalières ou potagères, bases de l’alimentation mondiale.
Chaque année, ce sont 300 variétés différentes qui sortent de ses laboratoires : mieux adaptées aux climats des différentes régions du monde, à rendements supérieurs, plus résistantes aux maladies… « Nous sommes des agriculteurs qui fabriquent des semences pour les paysans du monde », explique son président Jean-Yves Foucault. Agriculteur lui-même, celui-ci entend, par cette formule, différencier sa coopérative du capitalisme financier représenté par ses concurrents agrochimistes mondiaux (Monsanto, Pioneer, Syngenta, Dow, Bayer…).
Sur les huit dernières années, nous avons investi 140 millions d’euros dans la Région
Pour autant, cela ne freine pas ses ambitions, notamment celles de ses filiales spécialisées dans les semences potagères, Vilmorin, Hazera et HM Clause (Portes-lès-Valence). Depuis 2010, cette dernière a racheté cinq sociétés : trois aux États-Unis, une en Inde et une au Vietnam.
Leader mondial en tomates, carottes, melons et choux-fleurs, sur le podium international pour les haricots, courgettes et poivrons, elle montre la voie. « Nous resterons fortement implantés sur nos territoires d’Auvergne-Rhône-Alpes, tout en nous développant à l’international ». Et Jean-Yves Foucault de rappeler : « Sur les huit dernières années, nous avons investi 140 millions d’euros dans la Région.»
L’international, chez Limagrain, n’est pas synonyme de délocalisation. Plutôt d’exportation de compétence et d’expertise.
* Schéma régional de développement économique, d’Innovation et d’internationalisation.
Cet article a été publié dans le numéro 2274 de Bref Eco.