Jean-Michel Bérard, CEO d’Esker, et Emmanuel Olivier, directeur général.
Saby Maviel
A l'occasion de la 20e édition des Trophées Bref Eco de l'Innovation qui se déroulera le 1er décembre prochain, nous vous proposons de (re)découvrir vingt lauréats emblématiques récompensés ces deux dernières décennies.
En 2006, lors de la première édition des Trophées Bref Eco de l’Innovation, le jury avait été séduit par l’innovation proposée par l’éditeur de logiciels villeurbannais Esker avec FlyDoc, une solution de postage en ligne. Vingt ans plus tard, l’innovation reste le fil rouge.
« Ma plus grande fierté ? Être toujours là quarante ans après ! Je suis assez fier d’avoir résisté aussi longtemps dans un monde qui évolue… Nous sommes nés avec le PC, puis internet est apparu, les téléphones mobiles ensuite et maintenant l’IA… Il a fallu surfer sur toutes ces vagues-là. Ça n’a pas toujours été évident, mais on a essayé de garder le contact avec nos clients pour comprendre leurs besoins ». C’est ainsi que Jean-Michel Bérard, cofondateur d’Esker, a résumé son parcours entrepreneurial le 19 juin dernier, devant un parterre de clients et partenaires réunis pour célébrer le 40e anniversaire de l’éditeur de logiciels.
Nous sommes nés avec le PC, puis internet est apparu, les téléphones mobiles ensuite et maintenant l’IA… Il a fallu surfer sur toutes ces vagues-là.
Jean-Michel Bérard est tout juste diplômé de l’Insa de Lyon lorsqu’il cofonde Esker « avec 50 000 francs et sans idée de produit, se souvient-il. On voyait apparaître les Microsoft, Oracle, etc. qui étaient encore très petits à l’époque ». C’est en réalisant des prestations de services informatiques chez des clients qu’il trouve sa première idée, un « émulateur de terminal ». « On voyait l’arrivée des PC en entreprises. Nous avons créé une solution pour interfacer les PC avec les ordinateurs centraux ». Une seule leçon : écouter les clients. Jackpot ! Le logiciel, vendu 100 €, s’écoule à 3 millions d’exemplaires. Une première innovation, qui, comme les suivantes, répond à un seul mot d’ordre : « Écouter les clients », rappelle Jean-Michel Bérard. Cette première innovation permet à Esker de s’internationaliser et de racheter des entreprises aux États-Unis et en Australie… avant que tout s’arrête en 2000, avec l’éclatement de la bulle internet. Las. Esker était entré en Bourse trois ans avant : « Notre action est alors passée de 80 à deux euros en un an ».
Un acteur mondial de l’automatisation
Loin de se laisser abattre, le dirigeant, s’inspirant d’une des sociétés américaines qu’il avait rachetée où toutes les factures transitent par fax, lance sa première solution d’automatisation et de dématérialisation documentaire. En 2006, Bref Eco (qui s’appelait alors Bref Rhône-Alpes) récompense Esker pour sa solution FlyDoc qui permet d’externaliser le service courrier via des centres de traitement situés à Villeurbanne, aux États-Unis et en Australie. Des usines à courrier qui existent toujours aujourd’hui mais qui s’intègrent dans une offre beaucoup plus globale de digitalisation des directions Finance, Achats et Service Client des grandes entreprises. Elles sont 6 000 (3M, BMW, LVMH, etc.) aujourd’hui à utiliser la plateforme pilotée par IA et développée par une équipe de 220 personnes, « pour 90 % basée en France, à Lyon. C’est un atout d’être basé à Lyon qui compte des écoles d’ingénieurs de renom », estime Jean-Michel Bérard qui, dès 2010, a décidé de former tous ses développeurs au design thinking, pour « ajuster le produit aux besoins des utilisateurs ».
Rachetée par le fonds britannique Bridgepoint en 2024 pour 1,6 milliard d’euros, Esker se donne ainsi « les moyens d’investir, notamment dans les forces commerciales et en R&D sur l’IA, la facturation électronique et le calcul de l’empreinte carbone », conclut Jean-Michel Bérard qui prévoit de rester encore cinq ans dans l’entreprise qu’il a fondée il y a 40 ans et dans laquelle il a réinvesti à hauteur de 5 %. En 2024, Esker a réalisé 205,3 millions d’euros de chiffre d’affaires dont plus des deux tiers à l’international.
Dates clés
1985 : création d’Esker par Jean-Michel Bérard et Benoit Borrits
1997 : Esker s’introduit en Bourse sur le Nouveau Marché de Paris et fait cinq acquisitions aux États-Unis et en Australie
2001 : première solution de dématérialisation documentaire
2006 : reçoit un Trophée Bref Rhône-Alpes de l’innovation pour Flydoc, un service d’externalisation documentaire. L’éditeur de logiciels emploie alors 220 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 23 M€
2010 : tous les développeurs d’Esker sont formés à la méthode du design thinking
2010 : commence à travailler sur l’IA
2012 : premier brevet sur le machine learning
2024 : lance une solution de suivi des émissions carbone grâce à des indicateurs clés
2025 : Esker fête ses 40 ans
