A la Ferme urbaine de Lyon, 1 m² de culture produit la même quantité de végétaux que 225 m² en plein champ. Et 300 g de salade demandent 250 g d’eau contre... 25 litres en plein champ.
Dans un local anonyme d’une zone d’activités de la banlieue lyonnaise, se prépare la prochaine révolution agricole. Un modèle de ferme robotisée, sans terre ni paysan, où les salades poussent sur des plateaux empilés les uns sur les autres dans des conteneurs climatisés, éclairés par des Leds et surveillés par des agronomes.
On avait vaguement entendu parler de ces fermes verticales. Encore une invention de Japonais en manque de surfaces arables ou de start-uppers californiens préparant le prochain voyage sur Mars ? Erreur : ça se passe aussi chez nous, au cœur du plus grand pays agricole européen, et c’est pour demain ! La Ferme urbaine lyonnaise (FUL) s’apprête à faire exploser les mythes agricoles.
L’aléa climatique est totalement supprimé
Après quatre ans de R & D, la FUL devrait prochainement livrer ses premières usines à produire des végétaux. Son concept repose sur un éclairage leds, de l’eau en circuit fermé, une ventilation pour la respiration des plantes, une atmosphère ultrapropre assurant une culture hors sol sans pesticides, une gestion robotisée des plantations évitant tout contact avec l’extérieur et donc tout risque de contamination, un substrat de noix de coco, pas de chimie et des sels minéraux. Dans ces conteneurs isolés, « l’aléa climatique est totalement supprimé », explique Philippe Audubert, directeur général. « C’est comme si on choisissait la meilleure saison, la meilleure heure de la journée et les meilleures conditions pour les cultures. Du coup, la croissance des plantes est beaucoup plus rapide et les rendements sont très supérieurs à ceux des cultures en plein champ. »
La promesse : des produits frais, sains et goûteux
Surveillé par des caméras, le processus est totalement contrôlé : arrosage, apport lumineux ou température varient selon les plantes… qui ne connaîtront pas la terre et dont les racines poussent à l’air libre. Quant au goût des salades et autres tomates ainsi cultivées, pas d’inquiétude : les deux tiers du goût d’un produit végétal dépendent de la lumière qu’il reçoit… vive les Leds ! Des produits frais, sains et goûteux.
Née sur le campus de l’Insa à Villeurbanne, la Ferme urbaine lyonnaise (10 salariés), dont le groupe semencier Limagrain est actionnaire (très) minoritaire, vient de finaliser sa deuxième levée de fonds, à hauteur de 2,5 millions d’euros (500.000 euros pour la première). L’entreprise s’adresse aux agriculteurs, aux industries pharmaceutiques et cosmétiques, à la grande distribution aussi. Car « nos équipements permettent de produire des produits frais, sains et goûteux, en temps voulu et en circuit court » conclut Philippe Audubert.
Cet article a été publié dans le numéro 2348 de Bref Eco.