Une partie de l’équipe de direction et des premiers actionnaires, lors de la présentation du projet, au Groupama Stadium de l’Olympique Lyonnais.
Faut-il croire au « monde d’après » ? Certains entrepreneurs ne veulent plus attendre, intéressés davantage par l’utilité des projets que par l’enrichissement personnel. Présentée officiellement il y a quelques jours, l’initiative Time for the Planet s’empare ainsi de la question environnementale avec la conviction qu’on peut s’appuyer sur le monde d’aujourd’hui en faisant autrement.
Time for the planet veut apporter sa pierre à la sauvegarde de la Terre, de manière positive. Par la voie de l’entrepreneuriat. Sans accusation ni appel à la décroissance. Ce nouveau fonds d’investissement a identifié vingt problèmes indispensables à résoudre pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre : captation du CO2 sur les cheminées d’usine, construction sans ciment, batteries sans métaux rares pour stocker l’énergie solaire… Et il se propose d’injecter de l’argent au capital de jeunes entreprises innovantes capables d’apporter des solutions technologiques à ces questions. Un comité scientifique l’aidera dans ses choix. Jusque-là, rien de très original, même si l’initiative est plutôt vertueuse. Mais c’est sa structure et son fonctionnement, sans équivalent, qui différencie Time de toutes les autres.
Une mission
Lancée par six jeunes entrepreneurs pour l’instant bénévoles, Time est une « société à mission » qui ne se fixe que des objectifs environnementaux, sans rendement financier. Citoyens et entrepreneurs qui achèteront une action d’un euro ne sont sûrs que de deux choses : que leur argent soutiendra une innovation destinée à diminuer les gaz à effet de serre, et qu’ils toucheront la même somme quand ils voudront se retirer. Autrement dit, 100 % des bénéfices de la société, quand il y en aura, iront dans la création de nouvelles entreprises missionnées. « C’est un investissement sans TRI mais avec un TRP, un taux de retour sur la planète », explique l’un des tout premiers actionnaires. Voici la première entreprise à but non lucratif, sans dividende.
Open source
Autre point primordial, constitutif de la société : toute nouvelle technologie issue d’une entreprise soutenue par Time est proposée au monde entier sans aucune protection intellectuelle, sans aucun dépôt de brevet. En permettant à n’importe quelle autre entreprise d’y avoir accès gracieusement, l’objectif est réaffirmé : il ne s’agit pas d’enrichir une société privée mais bien d’accélérer l’innovation mondiale en faveur de l’environnement. Six mois après sa constitution à Lyon, Time a rassemblé près de 500.000 euros apportés par 1.800 actionnaires. Parmi eux, on relève quelques noms comme Jean-Michel Aulas (OL) ou Laurent Fiard (Visiativ). Vice-président de France Angels, Gilles Assollant défend lui aussi le projet : « Time for the Planet est créée par des entrepreneurs qui maîtrisent les codes et incarnent le mix écologie et économie, c’est porteur de sens et le modèle est pertinent. » L’objectif de l’équipe de gestion, emmenée par son Pdg Mehdi Coly, est de lever un milliard d’euros. Et si c’était aussi ça, le monde d’après ?
Cet article a été publié dans le numéro 2422 de Bref Eco.