La petite société qui tablait à sa création en 2006 sur la "convergence numérique" sur télévision a bien grandi : elle emploie 120 personnes et vient de séduire, après Vodafone, Belgacom et SFR, un client de marque, Canal+, pour l'aider à déployer de nouveaux services.
"Fin 2013, nous devrions devenir le 3ème acteur européen et le 4ème mondial avec 9,5 millions de foyers utilisateurs de nos solutions, via un abonnement chez nos clients. Nous serons devant Microsoft !", se réjouit Jacques Bourgninaud, président de Wyplay. La société provençale vient de conclure un partenariat avec Canal+ qui fait "tomber" dans son escarcelle 6 millions d'abonnés. Les décodeurs intègreront à l'avenir les technologies développées par Wyplay, après une mise à jour globale, moins coûteuse pour le groupe qu'un remplacement de l'équipement de chaque ménage.
Grâce à cette opération, il sera possible de zapper rapidement d'une chaîne satellite ou câble à un programme sur internet, de commander un film gratuit ou payant, de récupérer tout type de contenu multimédia (photo, vidéo, musique...), d'enregistrer, de stocker, de consulter ses mails... Le tout avec une nouvelle interface. Le premier déploiement devrait intervenir en septembre 2013.
Avec la conquête de Canal+, après celles de SFR dont la "Box Evolution" tourne avec ses solutions, Vodafone en Italie et Espagne, "R" en Espagne, et Belgacom en Belgique, Wyplay justifie son virage stratégique de 2009. Elle avait alors décidé d'abandonner progressivement la conception de disques durs multimédia pour LaCie, Iomega ou D-Link, afin de cibler prioritairement opérateurs de télécommunications et diffuseurs TV. "L'arrêt de cette activité en 2012 provoque sur l'exercice une baisse du chiffre d'affaires de 12,4 à 9,5 millions d'euros. Mais grâce à ce choix, la société bénéficie d'une meilleure visibilité sur son marché", explique le directeur marketing et cofondateur, Dominique Feral.
A cinq ans, Wyplay vise 110 millions d'euros de chiffre d'affaires, dont 90 % à l'export (contre 45 % en 2012) et veut passer de 120 à 280 collaborateurs. "Nous allons tendre vers un modèle Open Source, comme Androïd en téléphonie mobile, indique Jacques Bourgninaud. Aucune solution TV Satellite Open Source n'existe à ce jour et nous pensons le marché mature pour y répondre favorablement. Nous ciblerons fabricants de "Boxes", fournisseurs de composants ou de logiciels, intégrateurs... qui n'auront plus qu'à insérer sous licence nos solutions dans leur propre écosystème. Nous lancerons cette offre lors du salon IBC de septembre 2013."
Parallèlement, Wyplay se structure internationalement. Elle a déjà des représentations aux Etats-Unis, en Chine, en Inde (qu'elle étoffe actuellement) et au Brésil. Elle prévoit d'en ouvrir au Mexique et à Singapour. Alors qu'ils ont levé 24 millions d'euros depuis 2006 et pensé un temps ne plus avoir à solliciter des investisseurs, les dirigeants réfléchissent à un tour de table début 2013 pour 5 millions d'euros minimum, avec leurs partenaires actuels et éventuellement d'autres. "Cette levée favorisera une accélération de notre croissance pour devenir en 2017 "le" moteur de référence des boxes", confie Dominique Feral.
Jean-Chistophe Barla
Photo : Jacques Bourgninaud, président de Wyplay.
Sud Infos n° 808 du 17/12/2012