Il y a un an, l’équipementier automobile EFI Automotive lançait une initiative unique en créant son accélérateur privé Axandus. Il s’agissait d’héberger dans ses murs, en région lyonnaise (Beynost/Ain), de jeunes entreprises pour les aider à mettre sur le marché leur innovation de rupture. EFI proposait de leur fournir, à prix coûtant, des équipements et des moyens industriels (design, modélisation, qualité, tests) ainsi que… ses ingénieurs*. Pourquoi une telle sollicitude ? Patrick Thollin, pdg d’EFI Automotive, répond : “Cela nous permet d’identifier de nouvelles technologies et d’envisager des pistes de diversification voire des relais de croissance. Et puis, nous voulons aussi participer à la redynamisation de l’emploi dans l’industrie française”.
Douze mois plus tard, trois entreprises sont abritées à Beynost : la savoyarde Avenisense (Le Bourget-du Lac), qui développe des capteurs de mesure pour les tankers pétroliers ; Ad-Venta (Bourg-de-Péage/Drôme), concepteur de réservoirs à hydrogène embarqués ; et Primo 1D, concepteur grenoblois d’une technologie permettant d’intégrer des puces dans des fils textiles. “Certes, il existe déjà des structures d’appui aux créateurs d’entreprises innovantes (incubateurs, amorçage, pépinières…). Mais il y a une phase très difficile à passer pour ces start-up : celle qui sépare la fabrication des prototypes de l’entrée dans la production et la commercialisation en grande série. C’est là que nous pouvons intervenir, avec nos moyens et nos compétences d’industriel”, explique Jean-Baptiste Yvon, directeur d’Axandus.
Ces jeunes pousses pourront, en outre, profiter du réseau des filiales d’EFI à l’étranger. Le dirigeant de Primo 1D, Emmanuel Arène, confirme : “Nous avons déposé vingt brevets et levé 3 millions d’euros. Désormais, face à une forte demande, il nous faut fabriquer de gros volumes. Axandus nous aide à concevoir nos machines de production. Et le fait de travailler avec l’appui d’un industriel reconnu comme EFI rassure nos clients”.
Axandus a fait un pas supplémentaire avec le concepteur de tissus éclairants Brochier Technologies qui, depuis des années, ne parvient pas à dépasser le stade des prototypes et des concepts. Une joint-venture (50/50), EFI Lightening, a ainsi vu le jour. “Le produit était là, les clients aussi… mais on stagnait. Notre rapprochement avec EFI va nous permettre de passer au stade industriel”, explique Cédric Brochier. Des tissus de lumière (intégrant de la fibre optique) fabriqués dans l’Ain pourraient ainsi bientôt équiper l’intérieur des voitures.
De quatre, les entreprises abritées chez EFI devraient passer à huit d’ici fin 2016. Et l’objectif de cinquante emplois directs créés grâce à Axandus d’ici 2020 est annoncé. Le groupe, qui espère aussi se rémunérer grâce à des success fees (commissions) futurs, envisage d’implanter son modèle d’accélérateur aux Etats-Unis. En attendant, des rapprochements sont en cours avec le fab lab parisien Usine IO ainsi qu’avec Axeleo, l’autre accélérateur lyonnais, spécialisé quant à lui dans les start-up numériques. En matière d’innovation, les lignes bougent !
Didier Durand
@didierldurand
* EFI Automotive : 1 600 personnes dont 750 à Beynost (filiales de production : Chine, Turquie et Etats-Unis) ; 40 millions de capteurs et actionneurs produits par an ; chiffre d'affaires (prév.) 2015 : 220 millions d'euros (+ 8 %) dont 30 % à l’international ; construction, en cours, d’une usine au Mexique.
* Pour EFI Automotive, Axandus devrait représenter un investissement de quelques millions d’euros d’ici 2020. Entité autonome, son chiffre d'affaires se montera à 500 milles euros en 2015 (facturation du temps machines et hommes).
Bref Rhône-Alpes n° 2224 du 25/11/2015
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Photo : Jean-Baptiste Yvon, directeur d’Axandus.