Nathalie Guinot-Gaudriot, directrice de Didson, et son équipe d’ingénieurs, dans leur laboratoire de Marcilly-d’Azergues.
Proposer un module acoustique de la taille d’une boîte d’allumettes, qui absorbe les ondes sonores et les renvoie, protégeant ainsi une surface de 20 cm² autour de lui ; voici la promesse de l'étonnante société DidSon.
Vous habitez près d’un aéroport ? Le long d’un boulevard très circulant ? L’été, vous ne pouvez pas ouvrir votre baie vitrée sans être importuné par les terrasses du restaurant d’en dessous ? En milieu urbain, la pollution par le bruit est une réalité. Alors, comment vivre l’été fenêtres ouvertes sans pâtir du vrombissement des moteurs ou des fêtes du voisinage ? A Marcilly-d’Azergues (Rhône), DidSon a une réponse. Son « rideau de silence » est une vraie rupture technologique… et une belle promesse commerciale.
Une invention révolutionnaire issue de 20 ans de recherche
L’histoire pourrait être celle d’une start-up. Sauf qu’elle est issue de 20 ans de recherches menées tambour battant par une équipe de retraités… qui n’en sont pas moins des experts de haut niveau en électro-acoustique. Quelque temps après avoir quitté la direction de Metravib (aujourd’hui 01dB Metravib, groupe Acoem), une société d’ingénierie acoustique et vibratoire, Lionel Gaudriot et Jacques Martinez replongent dans la lutte contre le bruit, à la demande d’une commune suisse voisine de l’aéroport de Genève. Leur nouvelle recherche donnera naissance à un prototype digne du Professeur Tournesol : un haut-parleur censé envoyer des ondes sonores annihilant le bruit perçu. Spectaculaire, plutôt efficace mais en dehors du marché et condamné à rester sur l’étagère des inventions. Les deux amis décident alors de réfléchir à une solution radicalement différente. Des années de recherche plus tard, en 2008, ils déposent à leur tour un brevet et créent la société DidSon.
L’innovation ? Un module acoustique de la taille d’une boîte d’allumettes, qui absorbe les ondes sonores et les renvoie, protégeant ainsi une surface de 20 cm² autour de lui. Le maillage d’une centaine de modules suffit donc pour isoler un petit balcon. Insérés dans un panneau brise-soleil, une persienne, des volets ou une pergola, ils agissent alors comme un mur anti-bruit… la pièce restant ouverte sur l’extérieur. Le système permet une baisse de 25 décibels des sons environnants. Enorme. En laboratoire, le résultat est spectaculaire : le bruit perçu d’un avion au décollage ou du passage d’un train est très fortement atténué.
Premières livraisons dans deux ans
Maintenant que la preuve de concept est posée, la machine de laboratoire doit faire place à un démonstrateur fonctionnel. La levée de fonds à venir (environ 1,5 million d’euros) doit permettre à l’équipe, musclée par le recrutement de trois ingénieurs, d’amorcer le décollage de l’entreprise et l’industrialisation de la fabrication des modules. Deux ans sont estimés nécessaires avant la livraison des premières commandes. L’étude de marché réalisée fait ressortir un potentiel énorme. Non seulement sur le marché de l’isolation de l’habitat et de l’hôtellerie, pour enfin pouvoir dormir la fenêtre ouverte ; mais aussi sur celui de l’urbanisme : on peut rêver à des « kiosques de silence » installés dans une gare ou dans un parc. Le groupe JCDecaux y pense, paraît-il.
Cet article a été publié dans le numéro 2305 de Bref Eco.