Des boîtes à gants... très sophistiquées.
Jacomex est un spécialiste du confinement depuis… 75 ans. La PME de Dagneux réalise des boîtes à gants et des enceintes de confinement qui équipent des laboratoires de recherche et des industries de pointe. Son nouveau patron entend lui donner un nouvel élan.
Les enceintes hermétiques très sophistiquées de Jacomex permettent de manipuler en toute sécurité, avec des gants insérés, des produits toxiques, des virus, des matériaux nucléaires entre autres opérations sensibles. L’une des dernières a été livrée à un laboratoire de Strasbourg. Cette chambre climatique, qui comporte plusieurs boîtes reliées entre elles par des sas, permet de reproduire les conditions hygrométriques et de température définies pour le cycle d’une journée d’un moustique infecté. Une autre boîte XXL de 43 mètres cubes a été expédiée en Russie en décembre 2019 pour effectuer des soudures de titane sur des turbines de réacteurs d’avions sans impureté. Les boîtes de Jacomex servent aussi à monter les mécanismes de montres de grand luxe à l’abri de toute humidité pour garantir leur étanchéité à vie.
Nous avons un important savoir-faire pour le retrait de l’eau dans l’air
Jacomex produit 120 boîtes à gants chaque année : une cinquantaine de modèles standards pour des labos de recherche, et surtout des boîtes spécifiques sur mesure. « Nous avons un important savoir-faire pour le retrait de l’eau dans l’air », indique par exemple Arnaud Guirouvet qui a repris l’entreprise familiale en 2019. C’est une nouvelle aventure pour l’ancien dirigeant du pôle lyonnais d’Agap2, resté actionnaire après son départ de cette société d’ingénierie, qui l’a aidé à s’émanciper après un stage de formation au CRA (Cédants et repreneurs d’affaires). « Jacomex est une belle endormie », diagnostique aujourd’hui Arnaud Guirouvet.
Des brevets pour faire la différence face à des concurrents allemand, italien, chinois, américain
L’ancienne chaudronnerie, ex-propriété de la famille Manchon, a gardé un esprit artisanal, un savoir-faire reconnu en France comme à l’étranger. Jacomex exporte la moitié de son chiffre d’affaires (6,9 millions d'euros en 2019 avec 50 salariés) dans 80 pays. Pour la « réveiller », son nouveau dirigeant et actionnaire en a musclé le service de recherche et innovation. Il a embauché un jeune docteur et trois ingénieurs. Et mise sur le dépôt de brevets pour faire la différence face à des concurrents allemand, italien, chinois, américain. Parallèlement, l’équipe commerciale a été renforcée et le site internet, renouvelé, est mieux référencé. Les premiers résultats sont là : le chiffre d’affaires a progressé de 40 % l’an dernier.
Quasiment aucun composant n’est acheté hors de France
Jacomex affiche aussi son pedigree français. « Quasiment aucun composant n’est acheté hors de France », à l’image de ces gants en néoprène très fins fabriqués par une entreprise normande, l’une des trois seules au monde à maîtriser cette technologie. Arnaud Guirouvet met aussi un point d’honneur à « ne pas faire payer l’Etat » en ces temps épidémiques. Aucun salarié n’est en chômage partiel. L’entreprise continue à produire quand bien même les laboratoires de recherche sont fermés et les livraisons décalées.
Cet article a été publié dans le numéro 2409 de Bref Eco.