Le futur centre d’innovation du groupe Solvay, en région lyonnaise, va intensifier ses recherches sur les produits biosourcés, avec par exemple des applications dans les shampoings ou les produits de soins de la peau.
Patriarche
Du 21 au 24 mai se tenait à la Cité internationale de Lyon le congrès européen Plant Based Summit, consacré à la chimie du végétal, enjeu majeur pour l’économie circulaire, l’environnement voire la réindustrialisation.
En pleine croissance (6 % par an, selon Xerfi), soutenu par des efforts importants de R & D, ce domaine de la chimie permet la fabrication d’ingrédients et matériaux dans lesquels les plantes et leurs déchets remplacent les ressources fossiles (pétrole, gaz, charbon). En France, il emploierait 100.000 personnes dans 200 usines et laboratoires ; et a annoncé, ces derniers mois, plusieurs dizaines de millions d’euros d’investissements industriels.
Peintures à base d’algues, enrobés végétaux pour réparer les routes, emballages, additifs à base de tourteaux de colza pour fabriquer des panneaux de bois, utilisation industrielle du ricin ou de résidus agricoles et forestiers, matériaux de construction, isolants, détergents, etc. : de nombreuses applications sont d’ores et déjà biosourcées, développées par une vingtaine d’entreprises en Auvergne-Rhône-Alpes généralement insérées dans des structures collectives (pôle Axelera, cluster Nutravita, association ACDV).
Investissements et recrutements
La jeune société Lactips produit ainsi des granulés plastiques à partir de protéines de lait, solubles et biodégradables. Installée à Saint-Jean-Bonnefonds (Loire), elle y a construit deux lignes de production (investissement : 10 millions d’euros) et créé dix emplois. Elle a signé récemment une série de commandes avec Ulrich Naturlich, un fabricant allemand de produits de nettoyage, et vient d’annoncer un contrat avec BASF qui commercialisera ses produits.
Pour sa part, l’entreprise clermontoise Afyren, qui conçoit de nouvelles molécules par bioraffinerie, a créé une joint-venture industrielle avec le fonds SPI (Bpifrance). Avec soixante salariés, celle-ci utilisera des sous-produits de l’industrie sucrière pour produire, dans une nouvelle usine (à Carlin-Saint-Avold en Moselle), des acides organiques entrant dans la composition de produits cosmétiques, d’arômes et de parfums, ainsi que pour la nutrition humaine et animale.
Michelin : de grandes ambitions sur le pneu du futur
Le Puy-de-Dôme abrite plusieurs autres pionniers. C’est le cas de Greentech, société spécialisée dans les ingrédients actifs pour la cosmétique, la pharmacie, la nutraceutique et l’environnement (traitement d’effluents, dépollution des sols, compostage, méthanisation), et son site amiral de Saint-Beauzire qui s’étend sur 27.000 m². L’entreprise ouvre une nouvelle unité qui multipliera par six ses capacités de fermentation. Sans oublier Metex (Metabolic Explorer) qui, depuis vingt ans, développe des procédés de fermentation industriels. Sa première usine, opérationnelle en 2020, produira des ingrédients alternatifs à des conservateurs controversés (parabènes, glycols, etc.).
Depuis 2012, Michelin travaille quant à lui à la fabrication de caoutchoucs synthétiques issus de ressources renouvelables, avec Axens, l’IFP et l’Ademe. Les premiers exemples concrets sont annoncés pour 2020. Le groupe auvergnat affirme d’ailleurs qu’à l’horizon 2048, jusqu’à 80 % des matériaux composant ses pneus seront issus de la filière du recyclage ou renouvelables. Après plus d’un siècle d’exploitation des ressources fossiles, l’industrie cherche d’autres moyens de s’appuyer sur la nature.
Cet article a été publié dans le numéro 2371 de Bref Eco.