Quatre librairies sur cinq proposent une offre complémentaire : stylos, papeterie, jouets, etc.
DD
Au terme du Contrat de Filière Livre d’Auvergne Rhône-Alpes 2020-2023, et dans l’attente du lancement de sa nouvelle édition (2024-2026), un baromètre met un coup de projecteur sur une profession familière mais assez peu connue.
Le livre, cet enjeu de civilisation, de sociabilité, de compréhension des autres et de transmission des valeurs, est-il en danger ? Peut-être moins en France qu’ailleurs : il fait chez nous l’objet d’un soutien important des pouvoirs publics, comme l’ont rappelé les acteurs et commanditaires du diagnostic qui vient d’être réalisé : le cabinet privé Axiales, l’Agence Auvergne Rhône-Alpes Livre et Lecture (Arall) et ses deux financeurs la Région et la Drac (Direction régionale des affaires culturelles), ainsi que le Centre National du Livre. Cette étude repose sur les réponses de 106 librairies indépendantes (ne sont pas pris en compte les Fnac, Cultura et autres grands distributeurs), soit 32 % des 326 librairies recensées par l’Arall dans la Région.
Plus d’ouvertures que de fermetures
Les chiffres sont nombreux et parfois délicats à interpréter. Mais la situation est moins alarmante que certains le disent. Ainsi, depuis le dernier baromètre de 2020, on a enregistré plus d’ouvertures que de fermetures : on compte 21 librairies indépendantes supplémentaires ; et 16 ont été reprises. Le métier attire toujours, donc. Du coup, la couverture géographique s’est améliorée : en Auvergne Rhône-Alpes, on a en moyenne une librairie indépendante pour 24 500 habitants en 2023 (une pour 28 100 habitants en 2017) avec, bien sûr, des disparités parfois surprenantes : le département le mieux desservi est le Cantal (une librairie indépendante pour 14 500 habitants) devant la Haute-Loire, l’Ardèche et la Métropole de Lyon.
Globalement, en 2021, le chiffre d’affaires des 326 librairies indépendantes d’Auvergne Rhône-Alpes frôle les 230 millions d’euros dont 57 millions sont réalisés par les seules boutiques du lyonnais Decitre. C’est mieux qu’en 2017 (respectivement 194 M€ et 54 M€).
Davantage de libraires femmes
Les librairies indépendantes, gérées davantage par des femmes (54 %), emploient en moyenne 3,7 équivalents-temps-plein. Elles ont compris qu’elles attireront davantage de clientèle avec une offre complémentaire : papeterie, jeux, presse, produits dérivés, instruments d’écriture, etc. Ces produits annexes représentent en moyenne 12 % de leur chiffre d’affaires.
Quelle rentabilité ?
Mais sont-elles rentables ? Oui : en 2021, elles dégageaient en moyenne un résultat net de 4,1 % de leur chiffre d’affaires. Ce qui ne signifie pas que les rémunérations de leurs dirigeant.es soient sécurisées : 27 % d’entre eux déclarent ne pas avoir de rémunération régulière. En période de tension de trésorerie, on se paie moins... ou pas du tout en attendant les jours meilleurs. Confirmation : près de 50 % des libraires interrogés perçoivent une rémunération inférieure à 16 500 euros par an (ce qui nécessite parfois une double activité), alors que moins de 6 % touchent plus de 50 000 euros par an.
Ce baromètre n’est pas parfait. Mais il constitue une base sur laquelle les politiques publiques et la profession pourront s’appuyer. Dans une prochaine édition, il sera par exemple intéressant d’étudier l’évolution des cafés librairies ou du marché des livres d’occasion qui semblent avoir, l’un comme l’autre, le vent en poupe.