L’équipementier sportif de Balbigny a été placé en redressement judiciaire. Des repreneurs sont sur les rangs.
N’allez pas la chercher dans les boutiques auprès d’Adidas, Nike et autre Puma ; elle ne joue pas dans la même cour. Il n’en reste pas moins que la marque Duarig (Giraud - nom de son fondateur - à l’envers) dispose d’une belle notoriété dans le monde du sport amateur français, le football en particulier, dont de très nombreux clubs achètent les maillots, shorts, chaussettes, survêtements et autres sacs de sport.
Mais quelques mois après sa mise en redressement judiciaire, la marque ligérienne est en grand danger : l’un des deux repreneurs pressentis vient de jeter l’éponge. Le tribunal de commerce de Roanne s’est donné quelques semaines pour prendre une décision sur le projet du second.
En 1886, Duarig vendait déjà des ballons de foot en cuir. En 1948, la société devenait même fournisseur officiel de l’équipe de France avant, dans les années 60, de sponsoriser de grands clubs (Auxerre, Lyon, Rennes…). Après avoir été rachetée suite à un premier dépôt de bilan en 1995, Duarig connaîtra une décennie 2000 en forte croissance, dopée par un contrat d’équipement signé avec l’AS Saint-Etienne entre 2003 et 2005.
Et portée par une ambition que certains qualifient aujourd’hui de démesurée, laquelle débouchera sur un chiffre d’affaires 2012 de 10 millions d’euros, multiplié par trois en six ans. Un développement mal maîtrisé et gourmand en trésorerie. “80 % des produits que nous créons sont fabriqués en Inde, en Chine ou encore au Pakistan, par des fournisseurs qui n’étaient pas forcément les meilleurs : la qualité s’en est parfois ressentie, de même que les délais de livraison. Parallèlement, plusieurs clients ont eu des difficultés de paiement et nous sommes devenus un peu leur banquier”, analyse Jacques-Alexandre Audry, directeur général adjoint.
En janvier, le plan de continuation décidé par le tribunal de commerce s’est transformé en plan de cession. Une opportunité que J.-A. Audry avait décidé de saisir, avec quatorze autres salariés, en montant un projet de reprise à travers la création d’une coopérative : l’équipe, qui apportait 200 000 € en capital, était soutenue par le mouvement coopératif régional (Urscop et Transméa) s’engageant quant à lui à hauteur de 590 000 €. Mais cela ne suffira pas pour boucler le plan de financement envisagé, soit 1,9 million d’euros. Aucune des quatre banques sollicitées ne voudra apporter son soutien. Le directeur de l’Urscop, Michel Rohart, ne cache pas son amertume. “Tous les fondamentaux sont pourtant là : une marque forte, une équipe solide, une clientèle, un outil de production, certes à moderniser. Les banques ont été plus que prudentes, exigeant encore plus de fonds propres. Je ne comprends pas ! Je m’interroge sur ce comportement qui va à l’encontre de leurs discours vis-à-vis des PME. Et, surtout, je suis inquiet pour les nombreuses entreprises d’excellence qui doivent être transmises dans les années qui viennent”.
Ne reste aujourd’hui plus qu’une issue. L’autre candidat à la reprise se nomme Hubert Blanc (ex-dg de Diesel France) et rêve d’étendre la marque Duarig à l’univers de la mode. Un projet séduisant mais qui demandera du temps et, lui aussi, pas mal d’argent. L’emploi d’une trentaine de salariés (ils étaient 60 en octobre dernier) est en jeu.
Didier Durand
Photo : ©A.Nelson Sindfoul.
Bref Rhône-Alpes n° 2160 du 14/05/2014
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