Alors que le CEA-Leti, le Laboratoire d’électronique et de technologie de l’information à Grenoble vient d’intégrer le club fermé des partenaires de GlobalFoundries au sein du programme FDXcelerator consacré à la technologie FD-SOI, le chinois Huami vient de mettre sur le marché la montre connectée Amazfit utilisant un circuit GPS construit sur substrat de silicium sur isolant. Il consacre un peu plus la technologie initiée au Leti et développée avec Soitec et STMicroelectronics. Marie-Noëlle Semeria directrice du CEA-Leti depuis deux ans, revient sur le modèle d’un institut hors nomes.
Bref Eco : Quelle sera la place du Cea-Leti dans l’espace du FDXcelerator ?
Marie-Noëlle Semeria : Nos équipes sont associées au développement de la technologie de la troisième génération de FD-SOI (FDX 12) et en même temps, nous sommes « lead partner » pour mettre en place les librairies de design qui sont nécessaires pour pouvoir réaliser des produits de navigation, des caméras, des microcontrôleurs, des processeurs d’application, en technologie FD-SOI (Fully Depleted Silicon On Insulator).
Bref Eco : Le Leti semble passer un cap avec les succès du FD-SOI ?
M-N S : Un cap de reconnaissance. Nous avons une visibilité en Europe avec STMicroelectronic, avec GlobalFoundries à Dresde, mais aussi aux Etats-Unis, au Japon, à Shanghai... Il y a une exposition de l’expertise de nos équipes au niveau international qui est considérable. Cela nous met dans une visibilité mondiale faisant apparaître l’Institut comme pionnier, éclairant l’apport de l’innovation technologique à travers les transferts aux entreprises.
Bref Eco : En quelques mots, comment caractériser la structure que vous dirigez ?
M-N S: Il n’y a pas d’autres endroits dans le monde où il y a une telle diversité de technologies (au niveau des capteurs, des mémoires, des circuits intégrés, des antennes, des technologies de communication, des technologies embarquées, des logiciels de sécurité…) avec un tel niveau d’expertise et de maturité dans la démonstration, avec une capacité d’ingénierie aussi poussée.
Le Leti a cette longueur d’avance pour développer des fonctionnalités très particulières qui optimisent l’utilisation du SOI.
Bref Eco : Avez-vous avez pu initier ou amplifier des évolutions depuis votre nomination ?
M-N S: Compte tenu de la qualité de ce portefeuille technologique, il m’a semblé que le Leti était prêt pour aller un cran plus loin, aller vers des démonstrations de fonctions en tirant parti de ses transversalités, développer des coopérations avec d’autres Instituts, avoir une base de discussion avec les industriels plus large et étayée par ces démonstrateurs. Cette dimension est basée sur une transversalité beaucoup plus forte puisque nous sommes organisés en départements qui ont des cœurs de compétences et fonctionnent en silos. Les autres centres n’ont plus cette diversité car ils se sont spécialisés.
Bref Eco : L’organisation de l’institut répond-elle à ces évolutions ?
M-N S: C’est un point essentiel. Ce qui va différencier l’institut de recherche qui est pertinent dans son offre, d’un institut qui est déconnecté du besoin des entreprises, c’est sa capacité à comprendre les évolutions des marchés et à aller sur les fronts de la connaissance aux frontières entre disciplines. En arrivant au Leti, j’ai créé une cellule de marketing stratégique pour construire nos offres et anticiper sur les besoins des entreprises. Il faut pouvoir capter les mouvements de fonds et les signaux faibles sur des sujets où nous sommes en avance de phase.
En arrivant au Leti, j’ai créé une cellule de marketing stratégique pour anticiper les besoins des entreprises
Bref Eco : Aujourd’hui, quel est le premier enjeu ?
M-N S: L’enjeu principal pour le Leti est de continuer à être pionnier. Maintenir et adapter sans cesse les capacités de fabrication et les expertises pour pouvoir proposer des technologies différentiantes, incontournables, qui confèrent un avantage concurrentiel à nos partenaires industriels.