Bien-être au travail, partage d’expériences voire de tranches de vie, bienveillance : ce sont les valeurs que met en avant Nextdoor qui ouvrira son premier centre lyonnais de coworking sur 4 000 m² dans un immeuble neuf de la Part-Dieu.
Bientôt plus une semaine sans inauguration d’un espace de coworking. A Lyon, ils fleurissent dans tous les quartiers. Quelques années après que les précurseurs ont tracé la voie (La Cordée, Atelier des médias), d’un seul coup, c’est la cohue...
En quelques mois sont apparus de nouveaux lieux, très différents mais se revendiquant tous du coworking : Poly gônes (dans une église protestante ! ), Coworkimmo à Vaise (filière immobilière), En face de la Piscine, Nomade (La Poste) dernièrement… on en oublie sans doute. Rassurez-vous, ce n’est pas fini : Peexeo ouvrira ses portes fin juillet. Et dans le même quartier de la Part-Dieu, le plus gros d’entre tous est en travaux pour une inauguration le 1er septembre. Avec ses 4 000 m², Nextdoor dépassera ainsi le Now Coworking (350 coworkers simultanément) installé dans l’ancien garage Citroën réhabilité en immeuble de bureaux.
Bref, face à un tel engouement qui, soit dit en passant, intéresse aussi des groupes comme la SNCF ou les hôtels Accor, on se dit qu’il se passe vraiment quelque chose… même si certains prédisent déjà une saturation du marché : « On parle beaucoup de ceux qui ouvrent, jamais de ceux qui disparaissent », fait remarquer Michaël Schwartz, dirigeant de La Cordée.
Pas seulement une mode
« Ne nous y trompons pas : c’est un mouvement de fond », insiste Jérémy Bataille, cofondateur de Flexjob, plateforme de recrutement et de conseil. « La performance de l’entreprise du futur passera par une organisation flexible, responsable, autonome et collaborative. Le digital nous permet aujourd’hui de travailler autrement, à des horaires variables, pas toujours dans les mêmes locaux. On peut faire beaucoup de choses en dehors du bureau, dans un cadre agréable, tout en étant plus efficace ».
Volontairement ou contraint, pourrait-on ajouter : l’externalisation des tâches par les entreprises accélère l’éclatement du travail (CDD, travailleurs indépendants, autoentrepreneurs, free lance…) et c’est dans ce contexte que les centres de coworking trouvent leur raison d’être. Ils permettent de (re) tisser du lien social, échanger avec d’autres, ne serait-ce qu’autour d’un café ou d’un repas et… d’éviter aux travailleurs indépendants de louer un bureau permanent.
Des lieux animés pour une communauté
Michaël Schwartz a conçu les treize sites de La Cordée (200 m² en moyenne, 22 salariés en tout) autour d’une philosophie communautaire. « Nous n’avons pas de bureaux fermés, nous n’acceptons pas plus de trois personnes de la même entreprise en même temps. Et l’animation des sites est la base de tout : conférences, ateliers, déjeuners, jeux, etc. tout doit concourir à créer une vraie communauté. Chez nous, les coworkers finissent souvent par travailler les uns pour les autres, les uns avec les autres, ne serait-ce que ponctuellement ».
Très loin des centres d’affaires classiques type Regus, La Cordée est devenue, de fait, un véritable observatoire des nouvelles pratiques. C’est ainsi que près d’un tiers de ses utilisateurs est constitué… de salariés d’entreprises. Et qu’elle accueille des collaborateurs dont les employeurs n’ont même pas leurs propres bureaux ! Il ne fait guère de doute que ces nomades ouvrent une ère nouvelle dans le monde du travail (1).
(1) Lire, à ce sujet, Frédéric Laloux : « Reinventing organizations ». Editions Diateino, octobre 2015.
Cet article a été publié dans le numéro 2290 de Bref Eco.