Patrick Lozano, président de l'Unis Lyon-Rhône, déplore les délais d'instruction des dossiers Ecoreno'v et demande de revoir l'encadrement des loyers.
A.D.
Mardi 2 décembre, l’Unis Lyon-Rhône a tenu une conférence de presse pour dénoncer les retards dans les délais d’instruction d’Ecoréno’v, l’aide de la Métropole pour la rénovation énergétique des copropriétés, ainsi que les effets pervers de l’encadrement des loyers. Renaud Payre, vice-président de la Métropole, estime que le syndicat des professionnels de l’immobilier « tape sur l’exécutif » à quelques mois des élections.
Comme souvent, ça chauffe entre l’Unis Lyon-Rhône et la Métropole de Lyon ! Mardi 2 décembre, le syndicat des professionnels de l’immobilier tenait, à Lyon, une conférence de presse aux côtés de l’Untec Rhône-Alpes-Auvergne, organisation patronale représentative des économistes de la construction, et BTP Rhône et Métropole, pour dénoncer deux faits : l’allongement des délais d’instruction des dossiers pour Ecoréno’v, la subvention de 54 000 euros accordée par la Métropole pour la rénovation des copropriétés ; et les incohérences de l’encadrement des loyers.
Nous sommes à l’arrêt sur les dossiers de rénovation
Sur EcoRénov’, les trois organisations déplorent des retards de six à douze mois, certains pouvant atteindre 24 mois. Selon elles, cela représente 62 opérations paralysées, 3 000 logements concernés et 75 millions d'euros de travaux en attente. Résultat : « Nous sommes à l’arrêt sur les dossiers de rénovation. Nous estimons que 30 à 40 % du chiffre d’affaires de nos entreprises adhérentes sont bloqués, et que 80 à 100 embauches n’ont pas été réalisées », affirme Grégory Faty, président de la commission des traitements techniques des façades de BTP Métropole. Les différentes organisations « s’étonnent de ces délais » et se demandent si « c’est un problème d’organisation ou de budget ». « Est-ce que ces subventions vont vraiment arriver ? », s’interroge Laurent Penicaud, vice-président de l’Untec au niveau national.
Contacté, Renaud Payre, vice-président à la Métropole, en charge notamment de la rénovation thermique des logements, affirme que « à partir du moment où une copropriété a reçu le « go » de la Métropole et de l’Alec (Agence locale énergie climat), elle va recevoir son financement ». S’il reconnaît un allongement « probable » des délais, il l’impute à l’augmentation du nombre de dossiers, à ceux qui sont incomplets et demandent un temps d’instruction plus long ainsi qu’aux incertitudes budgétaires au niveau national. Et de rappeler que « la Métropole a injecté 41 millions d'euros dans la rénovation du parc privé depuis 2020 », date de l’arrivée des Ecologistes à la tête de la collectivité.
Encadrement des loyers : l'Unis Lyon-Rhône déplore des critères incohérents
L’autre grief de l’Unis Lyon-Rhône, c’est l’encadrement des loyers, en vigueur depuis 2021, dont elle déplore les incohérences et les effets pervers. Elle estime notamment que le découpage géographique (cinq zones) est insuffisant, qu’il faudrait raisonner en surface de logement et non en nombre de pièces, et enfin qu’il serait plus pertinent de prendre en compte l’étiquette énergétique du logement que son année de construction.
L’Unis a mis en avant le rapport de l’observatoire des loyers Clameur, qui indique que l’encadrement des loyers sous sa forme actuelle entraînerait une baisse de l’offre locative et serait même un frein au financement des travaux de rénovation énergétique. L’encadrement ne permettrait pas aux propriétaires de financer les travaux nécessaires, ce qui ferait sortir des logements du marché locatif (rappelons qu’à la faveur de la loi Climat et Résilience, les logements classés G au DPE ne peuvent plus être loués, et ceux classés F seront interdits à la location en 2028).
Alors que l’Unis Lyon-Rhône déplore que la Métropole n’ait, jusque-là, pas pris en compte ses propositions (augmenter le nombre de zones, supprimer le critère de pièces et remplacer la période de construction par la classe énergétique), Renaud Payre affirme que l’Unis Lyon-Rhône, mais aussi l’UNPI (Association nationale des propriétaires immobiliers) et la Fnaim (Fédération nationale de l’immobilier) sont « fondamentalement contre l’encadrement des loyers » et que l’Unis est « arcboutée sur ses positions ». Il fustige une certaine « mauvaise foi » et un dialogue « très compliqué », pour ne pas dire rompu.
Pour Renaud Payre, des arrière-pensées politiques de la part de l'Unis Lyon-Rhône
Si l’Unis Lyon-Rhône affirme alerter depuis longtemps sur les incohérences et les effets pervers de l’encadrement des loyers, et que ce « coup de gueule » n’a rien à voir avec les élections, Renaud Payre estime, de son côté, que le timing ne doit rien au hasard. Cette conférence de presse intervient à trois mois et demi des élections métropolitaines (qui auront lieu en même temps que les municipales, soit les 15 et 22 mars et pour lesquelles on a appris, depuis, que Renaud Payre serait le directeur de campagne de Bruno Bernard, N.D.L.R). L'élu invoque la présence, fin novembre, de Jean-Michel Aulas, principal opposant aux Ecologistes, à l’assemblée générale de l’UNPI 69, dont il sous-entend la proximité avec l’Unis Lyon-Métropole.