Si les réseaux sociaux semblent souffrir d’un manque d’intérêt de la part des plus de cinquante ans, la jeune génération a compris que ces outils de communication et de marketing offraient des perspectives intéressantes pour l’entreprise.
22 millions, c’est le nombre d’internautes français qui ont visité au moins une fois un site de réseau social durant le mois de décembre 2008*, soit 64 % des internautes de l’Hexagone (contre 74 % en Espagne et 80 % au Royaume-Uni). Et la tendance est à la hausse : + 45 % en un an. C’est Facebook, un site permettant d’échanger des informations personnelles (photos, vidéos…) avec ses "amis", qui récolte la part du lion avec 12 millions de visiteurs. Un succès qui s’explique entre autres par la mise en ligne de la version française. Si l’utilisation des réseaux sociaux comme outil de communication sur sa vie privée est donc déjà très répandue, ce n’est pas encore le cas pour les usages professionnels. Mais les choses sont en train de changer. Et plus vite qu’on ne le pense. Sur Facebook, des entreprises ont ainsi créé des "groupes" où elles informent leurs "amis" de leur actualité : vous pouvez par exemple devenir "ami" du groupe "Fan de Bref Rhône-Alpes" et être informé des dernières nouveautés de l’entreprise, regarder des photos de nos Trophées de l’Innovation.
Pour certaines entreprises - les grandes sociétés américaines y sont déjà -, les réseaux sociaux font désormais partie intégrante d’une stratégie marketing, commerciale, ou même RH, au même titre que les outils traditionnels. "L’usage des réseaux sociaux dans l’entreprise passe par les employés qui utilisent eux-mêmes ces réseaux à titre privé", explique Laurent Assouad, directeur de la création interactive à l’agence Brainstorming et par ailleurs co-rédacteur du site www.entreprise20.fr qui réfléchit sur la nouvelle organisation de l’entreprise par rapport au Web 2.0. S’il reconnaît que les entreprises françaises sont en retard par rapport à leurs homologues américaines, il pense aussi qu’elles devront s’y mettre rapidement, "pour ne pas se retrouver en décalage par rapport à leurs salariés et à leurs clients". Selon lui, le phénomène des réseaux sociaux n’est qu’un retour aux sources du vrai marketing, "celui où il y avait une vraie relation entre le producteur et le client, comme à la boulangerie". Une réponse à "la saturation des messages publicitaires". En effet, les clients ne savent aujourd’hui plus à quel saint se vouer face à l’afflux d’informations. Alors, qui croire ? Les autres clients ? C’est en tout cas ce qui se passe sur les forums et autres blogs.
Et l’un d’eux défraie depuis quelques mois la chronique… Son nom ? Twitter (Gazouiller). Né aux Etats-Unis, ce site gratuit permet, après avoir créé son profil, d’envoyer des tweets, des mini-messages ou micro-blogs, n’excédant pas 140 caractères. Si Twitter a récemment été sur le devant de la scène lors des événements en Iran et du décès de Mickael Jackson - les internautes ont ainsi appris l’évènement avant les médias américains -, les entreprises aussi ont saisi la perche. L’un des exemples les plus cités est Dell. En effet, le fabricant d’ordinateurs possède plusieurs comptes Twitter pour différents usages : gestion de la relation client (Dell a ainsi répondu par tweets interposés à un blogueur qui le critiquait), offres promotionnelles… Ce nouveau canal de communication lui aurait rapporté un million d’euros de ventes additionnelles ! Laurent Assouad, lui-même gestionnaire, aux côtés d’une dizaine de collègues, du compte Twitter de Brainstorming, trouve trois principaux usages au site de microblog pour l’entreprise : "Rentrer en contact direct avec le client final ; être à l’écoute des clients ; et faire de la veille sur ce qui se dit en bien ou en moins bien sur l’entreprise pour pouvoir réagir le cas échéant". A ce sujet, de jeunes entreprises ont ainsi saisi l’opportunité et ont créé des outils de surveillance de sa e-réputation. Twitter peut aussi trouver des usages en interne, pour communiquer entre collègues sur un projet d’équipe par exemple. Utile lorsque les collaborateurs sont disséminés géographiquement.
Mais cette Twitter-mania fait aussi des sceptiques : "L’emballement généralisé autour de Twitter ne me surprend qu’à moitié, mais me laisse perplexe. J’y vois plus pour les éditeurs un moyen de ne pas paraître largués (surtout vis-à-vis du rapport très particulier des blogueurs/leaders d’opinion avec Twitter) que d’une réelle réflexion à long terme. Je pratique Twitter depuis plus de deux ans et je suis intimement persuadé que déployer une solution de micro-blog en entreprise sans un minimum de pédagogie est un projet voué à l’échec", explique quant à lui Frédéric Cavazza sur Entreprise20.fr. Un point sur lequel le rejoint son collègue Laurent Assouad : "Il ne suffit pas d’y être pour que ça fonctionne : il faut aussi interagir. Et il n’est pas nécessaire d’être sur tous les réseaux sociaux : il faut être là où est sa cible. Aussi, il faut savoir qu’on ne peut pas contrôler ce qui est dit sur nous… on peut juste l’influencer ! Enfin, il est important de s’entourer de professionnels. Une entreprise qui se lance dans les réseaux sociaux ne doit pas le prendre à la légère… Il faut être transparent et avoir une vraie cohérence entre ce qu’on veut véhiculer et ce que l’on véhicule vraiment". Et si les réseaux sociaux n’étaient rien d’autre que le moyen le plus efficace et le moins coûteux d’entrer en contact avec ses clients, de faire du business et de la veille ? Mais, dépêchez-vous ! Twitter réfléchit déjà à créer des comptes commerciaux payants !
Corinne Delisle
* Source : comScor, "Social Networking has banner year in France, Growing 45 percent", le 17 février 2009.
Source : Alexa.com, site de mesure de la portée d’Internet.
A l’heure des réseaux sociaux et autres blogs, les internautes, consommateurs avertis, n’hésitent plus à donner leurs avis sur les produits et les marques. Ainsi, des solutions ont été créées pour les entreprises soucieuses de leur réputation. La société iséroise ID Nova vient ainsi de lancer le logiciel Web-Eyes. Une solution "pour manager son web marketing", explique Stéphane Glasson, son Pdg. Web-Eyes intègre quatre modules : référencement, e-réputation, veille stratégique et retour sur investissement. Ce produit permet par exemple à une entreprise de répondre, par un système d’alertes, le plus rapidement possible à des commentaires laissés sur le net, ou encore à une violation de copyright. Un outil qui démarre sur un forfait de 50 euros par mois et vise une clientèle de PME, car nombre de grands groupes sont déjà équipés de tels outils.
"Tout ce qui est dit d’un produit sur Internet a aujourd’hui un impact commercial important", explique Stéphane Glasson. Les agences de communication ont d’ailleurs intégré Internet dans leurs prestations. Elles communiquent désormais en direction des réseaux sociaux. Elles vont même jusqu’à créer des groupes et répertorier les blogueurs et internautes les plus influents selon les secteurs, pour les inviter à tester divers produits afin qu’ils partagent ensuite leurs expériences avec le plus grand nombre.
Source : Entreprises Rhône-Alpes n° 1500 (Sept./Oct. 2009)