Ivan Bornecque, directeur du développement des entreprises au Crédit Agricole Sud Rhône-Alpes.
Premier organisme bancaire sur sa zone historique d’intervention (Ardèche, Drôme, Isère, Sud-Est lyonnais), le Crédit Agricole Sud Rhône-Alpes dresse un premier bilan pas si négatif de la situation des entreprises de son portefeuille.
En première ligne, Ivan Bornecque, directeur du développement des entreprises, explique que son organisme « a injecté près de 270 millions d’euros dans le cadre du PGE avec, souligne-t-il, juste quatre ou cinq demandes non éligibles ». Un volume financier destiné aux sociétés de plus de 3 millions d’euros de chiffre d’affaires auquel il faut ajouter les montants correspondant à la procédure de « Pause Crédit ». L’octroi de crédits garantis concerne avant tout quatre grands secteurs d’activité, en dehors du commerce de détail et de la restauration, hors du champ d’intervention d’Ivan Bornecque, à savoir le commerce (hors grande distribution, qui s’en sort plutôt bien), le BTP, l’automobile (distributeurs et réparateurs) et l’industrie.
Diversité des cas de figure
Toutes les sociétés ne sont pas touchées de manière identique. « Plus de 44 % de nos clients n’ont fait ni Pause Crédit, ni PGE. Puis nous trouvons un bloc de 40 % qui a eu soit des pauses, soit des PGE et pour lesquels nous savons que cela va bien se passer. Nous connaissons leurs fondamentaux. » Pour le reste, les choses sont beaucoup plus délicates. Il y a « un gros 10 % des clients » ayant bénéficié de ces mesures et pour lesquels l’accompagnement sera plus fort. « Nous allons trouver des solutions et cela devrait repartir. Mais s’il devait y avoir un reconfinement, tout serait remis en cause. » Enfin, pour la queue de traîne, cette poignée d’entreprises qui avait des fondamentaux fragiles avant la crise, l’horizon est plus sombre. « Nous ne savons pas comment elles vont s’en sortir. Mais au final, celles pour lesquelles nous ne voyons pas d’avenir ne sont pas si nombreuses que cela. »
La période Covid-19 n’a pas mis un coup d’arrêt généralisé à la dynamique interne des entreprises. Durant le premier semestre, les crédits de moyen terme ont continué à être octroyés, avec un volume en baisse légère de 11 %. Même ralenties, les opérations de haut de bilan, les acquisitions, les LBO ont été poursuivies. « Toute l’économie n’est pas grippée, loin de là. » Oui, mais jusqu’à quand ?
Cet article a été publié dans le numéro 2427 de Bref Eco.