Bruno Allenet, nouveau président de l’École de production Gorge de Loup, à Lyon-Vaise : "De 40 élèves, nous visons rapidement 60 jeunes en formation."
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Après avoir agrandi son atelier et son parc de machines-outils d’usinage, l’École de production de Gorge de Loup s’est dotée d’une nouvelle gouvernance qui porte un projet ambitieux, dans la continuité d’une philosophie d’enseignement différente.
Depuis décembre dernier, Bruno Allenet (ex-président du pôle de compétitivité Axelera) est le nouveau président de l’École de production Gorge de Loup, à Lyon-Vaise. Depuis le bureau du directeur, Wilfrid Aubert, la vue est plongeante sur l’atelier qui regroupe une bonne vingtaine de machines-outils d’usinage, sur lesquelles se forment les 40 jeunes étudiants qui ont choisi cette école si particulière : le mouvement des écoles de production a été initié dans les années 1950 par des prêtres-ouvriers avec le soutien de quelques grands industriels alors en mal de recrutement. Depuis, les écoles de production, qui proposent une scolarité gratuite, se sont multipliées un peu partout en France, répondant autant à la demande d’entreprises industrielles en recherche de talents (taux d’insertion : 100 %) que de jeunes (entre 15 et 18 ans) peu portés sur les enseignements traditionnels.
C’est vers les métiers de l’usinage des métaux (tournage, fraisage, commande numérique) que se tournent les formations de Gorge de Loup. Avec deux diplômes proposés : un CAP (Conducteur d’installation de production) en deux ans, un Bac Pro TRPM option « réalisation et suivi de production » en quatre ans, avec la possibilité de poursuivre en BTS
Une pédagogie par la pratique
Cette école n’est décidément pas comme les autres. À commencer par le recrutement des élèves. « Nous l’effectuons en compagnie des parents car nous pensons qu’ils doivent connaître nos ateliers. Et ce n’est qu’au terme d’une semaine d’essai que nous décidons, en collaboration avec chaque candidat, la poursuite ou non de la formation », explique Wilfrid Aubert.
Ici, « on n’apprend pas pour faire » mais « on fait pour apprendre ». À mi-chemin entre l’école et l’entreprise, la pédagogie repose pour deux tiers du temps sur la pratique en atelier. Les élèves réalisent de vraies commandes sur des équipements professionnels identiques à ceux des entreprises (machines à commande numérique, contrôle 3D, logiciels de DAO et FAO), encadrés par un enseignant chef d’atelier. En réponse à de vrais appels d’offres, on parle donc ici de conformité, de qualité, de coût et de temps de production pour fournir aux clients des pièces parfaitement respectueuses du cahier des charges... et aux prix du marché. Si une pièce n’est pas bonne, elle passe au rebut. « Cette mise en situation réelle permet de responsabiliser les jeunes, de leur apprendre la rigueur, de valoriser leur travail tout en développant leur confiance en eux. Ceci dans la plus grande bienveillance », poursuit Wilfrid Aubert.
L’industrie est demandeuse
Parallèlement, un tiers du temps est consacré, sur le lieu même de formation, à des cours, généraux ou professionnels, toujours appliqués au métier enseigné (technologie, programmation numérique, dessin assisté par ordinateur...) On comprend que les écoles de production sont suivies de près par les entreprises à la recherche de bons professionnels.
Dotée d’un statut associatif, l’École de production Gorge de Loup fonctionne sur un budget annuel de 1,2 à 1,4 million d’euros, abondé par la taxe d’apprentissage, un financement de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et par les commandes des entreprises. Mais le président Bruno Allenet est plus ambitieux. « L’an dernier, nous nous sommes équipés d’une imprimante 3D. De 40 élèves, nous visons rapidement 60 jeunes en formation. Car l’industrie est demandeuse ». D’ailleurs, « à l’échelle nationale, notre fédération veut passer de 43 écoles aujourd’hui à 100 en 2028 ».