Dans Lyon intra-muros, les prix des logements neufs s'étirent de 4.994 € (8e arr.) à 7.489 € le m² (6e arr.) !
A.R.
Présentant le bilan 2019 du marché du logement neufs sur la métropole de Lyon il y a quelques jours, les professionnels de l’immobilier ont tiré la sonnette d’alarme : l’offre n’est pas renouvelée. Pénurie et nouvelle hausse des prix sont à prévoir.
Eric Verrax, président de l’observatoire du Cecim, avait la voix grave lors de la présentation des chiffres : « Les réservations baissent pour la troisième fois et l’on se dirige vers une quatrième année », soulignait-il, annonçant 4.328 réservations pour 2019. La part des acquéreurs utilisateurs est en baisse tout comme la part des réservations d’appartements en TVA réduite, passée de 35 à 25 %.
Les ventes en bloc (logements achetés par les bailleurs sociaux en Vefa auprès des promoteurs) sont en chute libre : -70 % en deux ans. « C’est un constat d’urgence partout », déclame Eric Verrax qui attribue cette situation à un manque de terrains et de permis de construire accordés. Car les mises en vente baissent elles aussi depuis trois ans (2016 avait cependant marqué un pic historique) pour atteindre 3.928 en 2019.
Ce qui a pour effet de réduire l’offre disponible qui est aujourd’hui de 3.139 logements, soit neuf mois d’écoulement. « La majorité de cette offre est en outre encore sur plan, précise Eric Verrax, c’est-à-dire que si on a besoin d’un logement, on ne peut pas en acheter ».
La situation n’est donc pas de la responsabilité de la profession mais de celle des maires qui refusent de construire
« Une étude menée début 2019 auprès des promoteurs montre qu’il y avait un attentisme lié à l’opposabilité du PLU-H mais qu’il y aurait un stock de terrains représentant quelque 12.000 logements. La situation n’est donc pas de la responsabilité de la profession mais de celle des maires qui refusent de construire, notamment là où il y a des transports en commun. Cela a pour conséquence de déporter les constructions et de générer une artificialisation des sols à l’extérieur de la métropole », poursuit le président du Cecim. Ce qui se vérifie dans les chiffres puisque les mises en vente ont augmenté de 43 % en dehors de la Métropole !
Autre phénomène souligné par Hervé Simon, président de la Fédération des promoteurs immobiliers de la région lyonnaise : « Les communes demandent de baisser la constructibilité des parcelles, ce qui rend les équations financières difficiles. » Avec pour conséquence des programmes qui ne se font pas.
Les entreprises de bâtiment pas encore impactées
La durée des opérations immobilières étant longue, les entreprises de bâtiment sont encore très occupées explique quant à lui Gérald Fontanel, président de la chambre de construction immobilière de BTP Rhône et Métropole. « Si tout se libère après les élections, il n’y aura pas assez d’entreprises et cela amènera encore un facteur de hausse des prix ! »
Des prix vertigineux
Car les prix ont bien évidemment poursuivi leur ascension. Le prix moyen au m² d’une réservation s’établissait fin 2019 à 5.626 € dans Lyon, 4.684 € pour la Métropole dans sa globalité et 4 219 € pour les communes métropolitaines autres que Lyon. L’échelle des prix s’étire maintenant de 3.089 €/m² à Givors à 7.489 €/m² pour Lyon 6e. Il y a deux ans, la fourchette des prix était comprise entre 2.500 et 6.000 €. Surtout, note Eric Verrax, les prix des biens mis en vente sont encore supérieurs à ces prix-là. Pour un T3 de 64 m² par exemple, le m² a atteint 4.487 € en 2019 pour les réservations. Mais le stock restant est à 4.701 € et les mises en vente à 4.727 €. « Il faut trouver des correctifs, conclut Eric Verrax car avec le développement de la Métropole, c’est l’ensemble des équilibres qui est modifié. L’enjeu, c’est le renouvellement de l’offre. Il faut convaincre les maires et pour cela, avoir l’aide de la Métropole », ajoute Hervé Simon.