Xavier Inglebert : "nous injectons chaque année environ 70 millions d'euros dans l’économie locale."
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L’OPAC du Rhône, installé depuis un an à Brignais, gère un parc de 13.400 logements sont 1.390 en résidences spécialisées. L’office vient d’annoncer une importante augmentation de son budget rénovation et vit depuis quelques mois une accélération de son actualité que nous commente son nouveau directeur Xavier Inglebert.
Bref Eco : Alors que l’OPAC du Rhône n’a aucune obligation de fusion avec un autre vis-à-vis de la loi ELAN, une Société anonyme de coordination (SAC) a été créée avec Loire Habitat. Quel en est l’objectif ?
Xavier Inglebert : La Société anonyme de coordination est simplement un outil pour mener une politique de territoire. Nous voulons nous développer ensemble et la SAC permet de nous associer à égalité. Nos deux territoires se ressemblent beaucoup au niveau de la densification des centres bourgs qui redeviennent des pôles d’attractivité, de la problématique des seniors et de leur autonomie, de la question de l’environnement ou encore de l’accession. Nous avons des compétences différentes et la SAC permettra de les partager sur ces sujets. Nous pourrons être OFS pour Loire Habitat par exemple. Nous pourrons aussi passer des marchés en commun, créer ensemble un outil BIM… Et réfléchir ensemble. Sur les Ehpad par exemple. Ces établissements sont obsolètes au bout de trente ans mais financés sur cinquante ans… Comment faire ? Et pour favoriser l’autonomie, peut-on imaginer un Ehpad hors les murs ?
Bref Eco : Récemment, l’Opac du Rhône est devenu le premier office à émettre des obligations pour financer ses opérations. Quel est l’intérêt par rapport aux classiques emprunts de la Banque des Territoires ?
Xavier Inglebert : Les modalités sont différentes. Avec la Banque des Territoires, les taux d’intérêt évoluent avec le cours du livret A et diffèrent selon le type de logements financés. Avec ces obligations, nous avons levé 10 millions d’euros sur cinquante ans, amortissables à un taux fixe de 1,5 %. C’est un financement qui s’ajoute à nos financements habituels et renforce nos capacités d’action.
Bref Eco : L’Opac vient d’être agréé en tant qu’Organisme de Foncier Solidaire (OFS). A ce titre, il peut vendre des logements sur la seule base du prix du bâtiment, le foncier faisant l’objet d’une redevance minime car basée sur un amortissement à très long terme (le bail réel solidaire - BRS). Quels sont vos objectifs quantitatifs ?
Xavier Inglebert : L’Opac souhaite se recentrer sur son territoire. C’est-à-dire mener une politique territoriale et pas seulement une politique patrimoniale. Donc il ne faut pas faire seulement du locatif social. L’OFS est un outil qui va nous permettre de réaliser des logements là où le foncier est cher, en première couronne lyonnaise. Grâce au dispositif du BRS, nous visons une réduction des prix de 30 %. Les conditions du BRS interdisant par ailleurs la spéculation, nous avons l’espoir de pouvoir agir dans les centres bourgs. Les maires sont intéressés car ces logements comptent dans les obligations de la loi SRU et parce qu’ils peuvent être imbriqués dans des opérations plus larges. À ce jour, nous avons sept logements en projet dans ce cadre. Nous pourrons aussi en acheter aux promoteurs en VEFA.
Bref Eco : Vous venez d’annoncer la mobilisation de 80 millions d'euros dont 40 millions de fonds propres sur 2021‑2026 afin de mener un plan de rénovation énergétique. Est-ce vraiment une augmentation majeure par rapport à vos engagements précédents ?
Xavier Inglebert : Avec ce plan, nous allons faire en six ans ce que nous faisions en dix auparavant. Nous allons traiter 2.000 logements. Nous isolons afin d’éradiquer les logements en étiquettes F et G et d’améliorer les performances des autres. Nous nous intéressons aussi aux fluides, en passant de 15 à 25 % d’énergies renouvelables.
Bref Eco : Quid de la construction ?
Xavier Inglebert : Nous sommes en très bonne santé financière et générons chaque année 15 millions d'euros d’autofinancement pour la rénovation et la construction. Nous visons maintenant une croissance nette de notre parc de 1 % par an. Au total, nous injectons chaque année environ 70 millions d'euros dans l’économie locale.
PARCOURS
Né en 1963, agrégé d’histoire, ancien élève de l’Ecole nationale d’administration (ENA), Xavier Inglebert a commencé sa carrière en enseignant l’histoire-géographie dans la banlieue lilloise. Puis il a occupé divers postes dans l’administration préfectorale, notamment comme sous-préfet à la Politique de la ville dans les Bouches-du-Rhône et préfet, secrétaire général et préfet délégué à l’Égalité des chances dans le Département du Rhône. Il a également été directeur général délégué aux ressources du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) pendant cinq ans.
En septembre 2019, il devient secrétaire général de la société Alila, promoteur lyonnais spécialisé dans le logement social. Une incartade dans une société privée qui ne dure pas puisqu’il quitte l’entreprise un an plus tard pour remplacer Michel Micoulaz (parti la retraite) au poste de directeur général de l’Opac du Rhône.
Cet article a été publié dans le numéro 2454 de Bref Eco.