L'Insee vient de rendre un rapport sur l’industrie en Rhône-Alpes. Surprise : Malgré un terreau favorable, la région ne se distingue pas particulièrement.
L'Insee s’est penché sur la place de Rhône-Alpes dans l’industrie européenne (1). Il en ressort une analyse mitigée. En résumé : élève moyen ; du potentiel mais peut mieux faire. On avait pris l’habitude de qualificatifs plus flatteurs dans une région historiquement industrielle. Dans la bouche de Bruno Lacroix, président de l’Institut Confluence partenaire de l’étude, la déconvenue est même sévère : “On découvre que Rhône-Alpes n’est pas au niveau généralement perçu. C’est une douche froide”. Rhône-Alpes s’était-elle vue trop belle ? A l’heure où l’industrie semble enfin revenir en grâce dans la sphère politique, il est bon de revenir sur certaines réalités régionales.
S’il est un trait qui caractérise l’industrie rhônalpine, c’est donc sa “médianité”. En clair, elle n’est jamais sur le podium européen. Sans dominante, elle ne présente aucune spécialisation. A l’échelle du Vieux Continent, elle n’est jamais un leader. Avec 1,2 % des emplois de l’industrie de l’Union Européenne, elle se place au dixième rang des régions retenues par l’Insee, loin derrière le Bade-Wurtemberg (4,2 %), la Lombardie (3 %) et la Basse Saxe (2 %). Vu de l’intérieur cette fois : l’industrie représente 17,2 % de l’emploi rhônalpin, un poids moindre que douze autres régions européennes, cette part montant jusqu’à 29 % dans le Bade-Wurtemberg et dans la Vénétie, et près de 27 % en Lombardie et dans le Piémont. Même la plasturgie, considérée comme l’un de nos point forts, place la région en cinquième position avec 26 900 emplois, très loin derrière le Bade-Wurtemberg (65 500), la Lombardie (58 000), la Basse Saxe (49 000) ou la Hesse (39 000).
Si la productivité de l’industrie rhônalpine est supérieure à la moyenne européenne, l’Insee souligne en revanche la petite taille de ses entreprises : 11,5 salariés en moyenne, soit la quinzième position, quand les régions allemandes varient entre 30 et 37 salariés par entreprise et les Britanniques autour de 20. C’est connu : comme l’Italie et l’Espagne, la France compte peu d’entreprises de taille intermédiaire, une faiblesse quand on est confronté à la concurrence internationale et qu’on doit innover. Autre caractéristique : une faible concentration. En Rhône-Alpes, les sept plus gros secteurs représentent 62 % de l’emploi industriel (13ème position européenne) contre 78 % dans le Bade-Wurtemberg. Une diversité qui a l’avantage d’amortir quelque peu les crises.
Chef de file du soutien à l’économie, le Conseil régional devra donc répondre à ce dilemme : “Faut-il conforter l’ensemble des secteurs dans lesquels Rhône-Alpes se tient dans la bonne moyenne ou concentrer l’effort sur ses secteurs phares ?” La question sera au centre de la prochaine Stratégie Régionale de l’Innovation Spécialisation Intelligente (Srisi), en préparation
Didier Durand
(1) “Rhône-Alpes : en position médiane parmi les principales régions industrielles européennes” ; La Lettre n° 203, septembre 2013.
Photo : ©Vincent Moncorge.
Bref Rhône-Alpes n° 2132 du 25/09/2013
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