La nouvelle génération d’innovateur fonctionne avec ces propres codes. Autant de tendances avec lesquelles il faudra désormais compter.
“Innovation, nouvelle génération” : c’était l’intitulé de la table ronde organisée, en décembre, à l’Hôtel de Ville de Lyon, lors de la cérémonie des 8èmes Trophées Bref Rhône-Alpes de l’innovation. Sur la scène, quatre dirigeants d’entreprises du numérique ont échangé sur la révolution numérique en cours. Celle qui bouscule tout à travers le big data, la mobilité et les objets connectés, les réseaux sociaux, l’innovation ouverte ou encore le crowdfunding. Autant de réalités pour les uns… et de concepts hermétiques pour les autres, que le franglais n’aide pas toujours à éclairer. D’où quelques réactions après notre événement, du genre : “Bien, votre débat ; mais j’ai pas tout compris ; les intervenants étaient un peu dans leur bulle”. Assez, en tout cas, pour revenir sur quelques tendances avec lesquelles il faudra désormais compter.
Exemple avec le crowdfunding ou financement participatif, destiné à lever des fonds auprès du grand public via Internet. Popularisé dans le monde de la musique (My Major Company), il concerne désormais l’innovation : à travers des plateformes comme Kickstarter ou KissKissBankBank, les internautes sont appelés à soutenir financièrement un projet créatif. La start-up grenobloise ISKN, qui cherchait 35 000 dollars, en a ainsi levé dix fois plus, auprès de 2 300 personnes dans une cinquantaine de pays. Des early adopters qui recevront sa tablette de numérisation de l’écriture, d’ici… mi-2014, lorsqu’elle aura été mise au point et industrialisée.
En fait, comme le souligne Jean-Luc Vallejo, le crowdfunding ne sert pas seulement à apporter de l’argent frais à l’entreprise. Il lui permet de constituer une communauté d’utilisateurs bienveillants qui, à travers échanges et idées (un millier de commentaires déjà reçus par ISKN), permettra d’améliorer la qualité du projet. Et de valider le marché.
Désormais, les dirigeants de la société seront d’autant plus convaincants lorsqu’ils iront frapper à la porte des financiers traditionnels (business angels, capital-risqueurs, banquiers) ou à celle des industriels chargés de fabriquer le produit. Sans compter la notoriété acquise en quelques mois seulement, quand il aurait fallu “au moins deux ans” en empruntant les chemins traditionnels du marketing et de la communication.
L’aventure d’ISKN annonce le tsunami qui s’apprête à déferler sur les plages de l’innovation, alimenté par trois forces : le rôle, de tout premier plan, tenu désormais par les consommateurs ; la mondialisation immédiate des projets permise par internet et le numérique ; la rapidité du développement des modèles. Et si cette vague de fond n’est pas encore très visible (après tout, le jury des Trophées Bref a aussi désigné des lauréats plus classiques dans leur démarche d’innovation, lire notre édition du 12 décembre), elle monte en puissance. A toute vitesse.
Didier Durand
Photo : ©Véronique Védrenne.
Pour en savoir plus sur la dernière édition des Trophées Bref Rhône-Alpes de l'Innovation
Bref Rhône-Alpes n° 2144 du 09/01/2014
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