Pour Pierre-Franck Chevet, l'IFPEN a connu une évolution « hors norme » en cinq ans, avec aujourd'hui 80 % de ses travaux portant sur les énergies renouvelables, le reste concernant les hydrocarbures.
Florence Roux
Malgré le contexte énergétique complexe qu’il présente dans son bilan annuel, l’IFP-Energies nouvelles met aussi en avant les solutions que ses chercheurs développent pour décarboner les énergies. En particulier sur son site de Solaize.
Effacer les fossiles. L’IFP-Energies nouvelles, ancien Institut Français du Pétrole, devrait bientôt changer de nom pour passer des hydrocarbures à son nouvel ancrage dans la recherche sur les énergies nouvelles. « Nous évoluons à très grande vitesse vers la transition écologique et énergétique, confirme Pierre-Franck Chevet, président de l’IFPEN. Nous avons réalisé un basculement complet depuis 2017, où nos recherches étaient très majoritairement orientées vers les hydrocarbures. Aujourd’hui, 80 % de nos travaux concernent des énergies ou sujets verts, contre 20 % encore pour les hydrocarbures ».
Les mesures prises ne sont pas suffisantes pour atteindre les objectifs fixés en 2015 par les accords de Paris
Pierre-Franck Chevet, président de l’IFP-EN
En termes d’évolution de portefeuille d’activités, « c’est hors norme », qualifie le responsable. Une évolution à la mesure de l'urgence. Car si les investissements ont plus augmenté ces dernières années dans les énergies vertes (+11%) que dans les énergies fossiles (+8 %), entre 2020 et 2023, les émissions de CO2 ont continué de progresser.
« Les mesures prises ne sont pas suffisantes pour atteindre les objectifs fixés en 2015 par les accords de Paris, note Pierre-Franck Chevet. Au rythme actuel, nous devrions atteindre en 2030 au mieux 10 % de réduction des émissions, au lieu des 43 % qui seraient nécessaires. Et même en Europe, où nous progressons dans la décarbonation de l’énergie, grâce au nucléaire, le transport représente un quart des émissions et progresse en valeur ». Pour faire la transition, il faudrait multiplier par 1,7 nos capacités en éolien terrestre, par dix celle en éolien maritime ou par deux celle du solaire, selon les experts de l’IFPEN.
Accompagnement de PME
Face à ces défis, l’institut, qui tire ses ressources pour une moitié de l’État et de ses fonds propres et pour l'autre moitié de partenaires industriels, appui sur l’innovation depuis la recherche fondamentale ou appliquée jusqu’à la pré-industrialisation et l’industrialisation, en particulier sur le site de Solaize, dans la vallée de la chimie, où sont menées des expérimentations à échelle quasi industrielles. Sans oublier la formation d’ingénieurs et de techniciens, l’accompagnement de 400 PME depuis 45 ans et la création de filiales qui permettent aujourd’hui au groupe de représenter 4.500 emplois (dont environ 1.700 pour l'institut lui-même).
Les activités de l’IFPEN et de ses filiales offrent une vision à 360 degrés de l’innovation dans les énergies, des hydrocarbures aux biocarburants, en passant par l’éolien, avec par exemple Greenwits, créée l’an dernier pour optimiser les performances des parcs. « Nous sommes en parallèle très impliqués sur l’éolien off-shore flottant », notamment dans le projet du port de Marseille Fos, complète Pierre-Franck Chevet.
Deux gros chantiers : les biocarburants et le captage du CO2
L’institut investit aussi beaucoup dans les biocarburants de 2e génération et le e-fuel, notamment via le procédé BioTfueL®, mis en œuvre par BioTJet. Ces carburants représenteraient une des solutions les plus pertinentes pour remplacer le kérosène dans l’aviation, en particulier. L’institut est également très présent dans les recherches, très avancées, sur le captage de carbone, qui est l’un des axes prioritaires sur lesquels Emmanuel Macron avait annoncé mettre l’accent en décembre dans le cadre du plan de relance industrielle France 2030. À Dunkerque, l’IFPEN est ainsi l’un des partenaires qui travaille à une installation pilote de captage du CO2 dans un site d’ArcelorMittal. Il contribue aussi à la complexe réflexion sur les sites de stockage.