"Nous sommes capables d’imprimer une trentaine de pièces par jour », précise Philippe Bertrand, responsable de la Chaire Impression 3D de l'Enise.
Dans la région, les chercheurs de l'Enise et de Grenoble INP sont mobilisés pour fabriquer dans l'urgence des pièces pour les visières de protection destinées aux personnels soignants.
A Saint-Etienne, les chercheurs de l’Enise (Ecole nationale d’ingénieurs de Saint-Etienne) se mobilisent. Ils ont répondu à l’appel du CHU de Saint-Etienne pour fabriquer, en impression 3D, une centaine de supports de visières de protection dans le fablab de l’école. Ces visières sont destinées aux soignants qui sont au contact des malades infectés par le Covid-19. Elles sont fabriquées à l’aide de feuilles intercalaires transparentes recourbées autour du visage du médecin ou de l’infirmière.
« Nous fabriquons la pièce qui permet à la visière d’être maintenue sur le visage. C’est un matériau en polymère (ABS et PLA) », précise le professeur Philippe Bertrand, responsable de la chaire Impression 3D. « Les soignants vont tester l’aspect sanitaire de ces visières (nettoyage et désinfection). Si tout fonctionne bien, nous fabriquerons des supports supplémentaires pour quatre autres services de réanimation », ajoute le responsable de la chaire.
Nous sommes capables d’imprimer une trentaine de pièces par jour
A Saint-Etienne, quatorze personnes dont trois enseignants-chercheurs, un doctorant et un responsable de la production, sont mobilisées sur ce projet. Du personnel supplémentaire et des étudiants pourraient être mobilisés en complément pour répondre au besoin urgent en matériel du CHU. « Nous sommes capables d’imprimer une trentaine de pièces par jour », précise Philippe Bertrand.
En parallèle, l'équipe de l'Enise, en collaboration avec la plateforme IB Pro du lycée de Givors, travaille à adapter les masques de plongée Décathlon pour permettre l'entrée de l'air. Ces masques, détournés de leur usage initial, sont destinés aux médecins qui ont besoin d’être parfaitement protégés lorsqu’ils intubent un malade infecté.
Déjà 700 visières produites à Grenoble
A Grenoble, les compétences et les moyens de fabrication additive du pôle S.mart Grenoble Alpes (ex-AIP Primeca Dauphiné-Savoie), partenaire de Grenoble INP, ont été mis à profit pour contribuer à l'élan de solidarité visant à venir en aide aux personnels médicaux.
En quelques jours, ce sont déjà plus de 700 des 860 visières produites par les membres du réseau Rafu qui regroupe tous les fablabs, plateformes technologiques et ateliers lab factory du bassin grenoblois, élargi à La Casemate, au LOG (Laboratoire ouvert grenoblois), au groupe Gre-Nable et quelques particuliers, qui ont été livrées aux CHU Nord et Sud de Grenoble. « Tandis que certains de nos collègues se sont lancés dans la production de masques, nous avons décidé de nous concentrer sur les visières de protection. Parce qu'elles se mettent par-dessus le masque pour éviter de le contaminer, elles nécessitent des validations moins sévères par les services hospitaliers et en ces périodes de pénuries, elles sont par conséquent utilisables immédiatement », explique Alain Di Donato, responsable technique de la plateforme Ginova du pôle S.mart Grenoble Alpes.
Déjà, le collectif participe à d'autres projets comme un tunnel de protection en plastique qui se met par-dessus les brancards afin que l'ensemble entre dans la cabine de l'hélicoptère du Samu pour le transfert de patients Covid-19, des poignées de portes afin d'ouvrir ces dernières sans les mains.
Enfin, le collectif se lance dans la fabrication de « masques barrières », ayant réussi à se procurer du tissu spécial antibactérien filtrant de type « SMS » grâce à l'implication d'un ancien élève de Grenoble INP - Génie industriel travaillant à Amcor, société qui produit couramment ce tissu pour l'emballage de matériels stériles dans les hôpitaux.